Chronique : Excess, par Automatic

 Sous le soleil de Los Angeles, Californie, on croit imaginer la musique qu'écoute la jeunesse : du punk mélodique, casquette à l'envers et skate board ou planche à voile sous le bras pour aller rejoindre les potes au bord de la plage. Eh bien, on aura foutrement tort. Automatic est un trio de jeunes filles glaciales comme la mort (Halle Saxon à la basse, Izzy Glaudini au chant et synthés, Lola Dompe à la batterie -il n'y a donc pas de guitare) qui jouent une musique minimaliste, répétitive, morne et lancinante que n'auraient pas reniés leurs aînés, ceux qui traînaient leurs guêtres du côté de Manchester en 1980 : Joy Division, qui passeraient pour des énervés en comparaison, Crispy Ambulance, Section 25 et le côté belge, signés sur Factory Benelux, comme les Minny Pops notamment, leurs pendants masculins. On comprendra peut-être mieux leurs influences en signalant que Lola n'est autre que la fille et la nièce des frères Haskins, membres de Bauhaus et quasi-inventeurs du mouvement gothique.

Alors, allez-vous me dire, dépressive, la musique de Automatic ? Pas tant que ça : un "Venus Hour" par exemple ferait presque penser aux punkettes suissesses de Kleenex/Liliput ; un "Automaton" lorgne sans vergogne du côté du premier Depeche Mode ; un "NRG" assume son petit côté Fad Gadget tordu… Et la force de leur musique, c'est que si elle fait penser à tous les précités, qu'elle les frôle en permanence et qu'on à chaque coin de note on est à deux doigts de lancer un Jje le savais, c'est une copie de truc ou de machin", elle ne nous donne jamais cette (in)satisfaction bien "boomer".

La musique d'Automatic reste toujours profondément originale, fatras d'influences digérées à merveille et surtout très en phase avec la merveilleuse année 2022, aussi excitante que le furent les cinq ou six précédentes. Merci Trump, merci Poutine, merci Macron, merci Boris Johnson, on vous doit beaucoup et prenez ça dans la gueule. Le deuxième album d'Automatic s'appelle "Excess" mais le seul excès qu'il possède, c'est celui de la qualité. Dans le top 10 de 2022, forcément.


(chronique publiée sur premo.fr)


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