Le rock indé de 1980 à 1984


Un rock qui s'assombrit


De 1980 à 1984, le rock change de visage. Entamée dès 1978, la mutation du punk en divers genres s'est affinée et installée : post-punk d'un côté avec des groupes qui expérimentent dans tous les sens, brisant les codes du rock (abandon du couplet/refrain, ajout de dissonances, sons synthétiques, déformés, mélange de genres... - Fad Gadget, Swell Maps, Talking Heads, The Fall, Monochrome Set, Modern English), renouveau punk avec le mouvement oï (accélération du tempo, durcissement du ton - UK Subs, Discharge, Exploited), apparition des nouveaux-romantiques (presqu'exclusivement synthétiques et très pop, Visage, Ultravox, Duran Duran), de la cold-wave (notamment via la scène de Manchester, froide, triste et existentielle - Section 25, A Certain Ratio, Crispy Ambulance) et des premiers groupes gothiques (Bauhaus, Sex Gang Children, Alien Sex Fiend, héritiers d'un death-rock encore trop punk et agressif (basse très en avant, intronisation du synthé comme instrument de premier plan et non plus d'accompagnement, guitare en retrait et ambiances plus morbides que tristes).

En marge de la musique, les looks gagnent en importance : les punks oï inventent la crête de 20 cm en couleur, portent perfectos noirs, avec des clous et des chaînes, des rangers, tatouage et anneaux dans le nez ; les nouveaux-romantiques sont maquillés à outrance et jouent sur l'ambigüité sexuelle ; les gothiques se teintent exclusivement de noir, se maquillent, hérissent leurs cheveux... seule la scène mancunienne n'adopte aucun look, les groupes restant habillés à la scène comme à la ville.

La période est aussi fertile graphiquement, avec la recherche de designs évolués pour les pochettes de disques : on abandonne la photo des membres du groupes au profit de véritables œuvres d'art, influencées à la fois par les collages du mouvement punk et des artistes comme Andy Warhol ou Basquiat, sans oublier les surréalistes, les dadaïstes et tout l'art moderne contemporain. Des labels comme Factory et 4AD en sont les meilleurs représentants, leur renommée s'étendant au-delà du monde de la musique.

Côté français, une cold-wave minimaliste teintée de punk, assez différente des groupes anglais, tient le haut du panier (Taxi Girl, Charles de Goal, Edith Nylon, Kas Product, Orchestre Rouge).
Dans l'hexagone, c'est l'âge d'or de la radio, notamment régionale, grâce aux radios-libres qui fleurissent de 1978 à 1983 avant de disparaître pour la plupart, avalées par les radios commerciales. On peut ainsi citer Carbone 14 de 1981 à son interdiction en 1983, Radio FMR à Toulouse, toujours en activité, Radio Béton à Tours (qui existe toujours en ayant su conserver l'esprit des débuts), RMC Rock (branche de RMC même si elle n'était pas "libre") à Nice, Radio Nova à Paris, qui est devenu l'une des plus grosses radios actuelles, mais dont le contenu a bien changé...
La production de fanzines en tout genre s'avère elle aussi exceptionnelle en cette période, qui permet de combler l'absence d'information dans la presse musicale traditionnelle, qui se résume en France à Best et Rock'n'Folk, deux magazines qui privilégient largement Bruce Sprinsgteen, Dire Straits ou les Rolling Stones à toute la scène bouillonnante que l'on ne nomme pas encore "indie".

À la télé, des émissions comme Chorus (septembre 78 à juin 1981), Megahertz (1982-1984) puis les Enfants du Rock (née en janvier 82), sont les seules à parler de cette musique dont elles présentent quelques groupes importants, souvent filmés en condition du direct en studio, permettant à un "large" public de s'intéresser à ce rock que l'on n'entend nulle part ailleurs...




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