Le rock indé de 2000 à 2004


Un rock qui revient aux sources


L'an 2000, tout un symbole ! Mais c'est plutôt 2001 qu'il faudra attendre, et même 2002, avant qu'un changement dans le rock de l'époque se manifeste.
La cause en est simple : le 11 septembre 2001, avec l'attentat des Twin Towers, le monde change et l'on entre dans une ère où le terrorisme s'installe, la guerre n'est pas loin, et si nos quotidiens ne sont pas directement impactés, l'ambiance n'est plus guère à la fête.

A partir de 2002, on voit ainsi réapparaître des groupes plus sombres que pendant les dix dernières années : le rock refait surface, bien malmené qu'il était avec l'omniprésence du rap et les dérivés de la house, dance music, jungle et trip-hop. Marylin Manson, Linkin Park ou encore Rammstein s'installent dans le paysage avec leurs musiques sauvages, tendues, grandiloquentes ou sombres, d'autres groupes remettent au goût du jour le rock'n'roll "de base" tels les Strokes ou les Arctic Monkeys, même si l'on reste encore avec un fatras de styles différents : d'une part les héritiers du grunge, du punk et du hardcore (naissance du mouvement stoner représenté par Queens Of The Stone Age), d'autre part ceux qui remettent la new-wave et le post-punk au goût du jour (Radio 4, Interpol), toujours ceux qui dansent ou ne jurent que par l'électronique, enfin tous ceux dont on a parlé précédemment, stoner, emo, nu-metal ou encore darkwave.

L'époque change également, et c'est peu dire, avec l'arrivée d'Internet. Au début des années 2000, un site comme Napster, qui sera fermé assez vite, propose en téléchargement parfaitement illégal des dizaines de milliers d'albums totalement gratuitement. On grave désormais ses CDs à tour de bras à partir de ce nouveau format musical, le "MP3" que l'on s'échange également par serveurs interposés plus ou moins privés et indétectables, format qui malgré sa qualité sonore très relative va vite devenir le nouveau standard musical. Apple imagine même grâce à cela son premier "walkman" numérique, le fameux iPod, qui révolutionne la façon d'écouter de la musique, en attendant que celle-ci n'ait même plus besoin d'un baladeur à part entière et puisse être installée sur son téléphone portable, une sacrée nouveauté !

En 2000, le rock est né il y a presque 50 ans, celui qui est "alternatif" existe depuis 25 ans, il y a de quoi faire.

Et depuis 2004 ?


Très vite naîtra Myspace, plutôt réservé aux amoureux de musique, avant que le réseau soit détrôné par Facebook, qui fait la même chose sans se limiter à la musique et en touchant monsieur Tout le Monde, puis Instagram et en parallèle Bandcamp, dont le principe d'indépendance rassure un peu face aux mastodontes de la culture rock prémâchée ; autant de réseaux qui achèveront la révolution culturelle. En résumé, depuis les années 2010 Internet met à disposition de tous, très simplement, toute la musique produite depuis des décennies, qu'il s'agisse de nouveautés ou de fonds de catalogue, et dans tous les pays du monde !

La culture rock, c'est logique, a elle aussi évolué : on n'écoute plus un seul genre de musique sorti à une seule époque (surtout par volonté de sortir du lot et de marquer sa différence comme cela a quasiment toujours été le cas), et la génération âgée de vingt ans façonne ses goûts sans s'enfermer dans des chapelles comme on avait pu le faire jusque dans les années 90 (un gothique se devait par exemple de détester le hard-rock, tout comme un fan de dance-music se devait d'haïr les gothiques).
Le geste de l'achat d'un magazine de rock n'est plus vraiment nécessaire pour découvrir un groupe ou se forger une opinion puisque l'on dispose rapidement et simplement de tout ce qui est produit et, surtout, partagé à grande échelle. Depuis les années 2000, de toutes façons, les magazines rock sont devenus des machines à vendre les derniers produits commerciaux, et les rares possédant un esprit indépendant, qui existent pour défendre un certain rock, ont du mal à résister dans un monde où le magazine papier, quel que soit son sujet par ailleurs, n'intéresse plus personne.

Même la façon d'écouter de la musique change : très vite, l'écoute d'albums entiers (on ne bénéficie déjà plus des concepts de face A ou de face B depuis longtemps) périclite au profit d'écoute de morceaux piochés sur YouTube ou de playlists aléatoires suggérées selon ses goûts.
Quant à l'objet disque lui-même, que ce soit la pochette cartonnée du vinyle ou le boitier plastique avec un livret plus ou moins soigné, il a du plomb dans l'aile. On peut désormais acheter des albums 100% numériques en les téléchargeant, ou les écouter via un abonnement mensuel sur des plateformes de streaming qui affolent les puristes du fait de la médiocre qualité sonore proposée...

Aujourd'hui, le disque vinyle ou même le CD sont quasiment devenus des objets réservés aux collectionneurs, qui les achètent non pas pour la musique qu'ils contiennent car ils l'ont déjà, mais pour la jolie pochette en carton de grande taille du vinyle ou le superbe livret illustré du CD. Le monde de la k-pop va si loin dans le concept (commercial évidemment) qu'il a inventé pour un seul album le booklet de 300 pages + les photos dédicacées + le poster + les autocollants ; le tout dans des formats hors-normes, véritables œuvres d'art... le tout décliné en plusieurs exemplaires pour un seul et même album !

Quant au critique rock, comme votre serviteur, il se pose légitimement la question depuis plusieurs années : sert-il encore à quelque chose quand chacun peut se forger son opinion en quelques clics en fouillant soi-même le web ? Mais tout cela est une autre histoire !



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