Un rock qui reprend des couleurs
De 1985 à 1989, le rock continue sa mutation, entamée dès 1983. On peut séparer cette période en deux, bien distinctes : de 1985 à 1987 et de 1988 à 1989. Pendant la première, le post-punk devient confidentiel, pour ne pas dire qu'il périclite : l'heure est à la jangle-pop et à la twee-pop, à savoir un rock qui devient léger, sinon dans les paroles du moins dans la musique, très influencée par les années 60 : peu d'électricité dans les guitares, l'accent sur les mélodies, la réintroduction d'éléments soul ou funk, tout en conservant un esprit indépendant - le terme naît d'ailleurs à ce moment-là, ces groupes étant signés sur de petits labels autonomes. Bien sûr, tout le monde ne sonne pas pareil, et il y a une grande différence entre des groupes rapides et énergiques comme les Wedding Present ou les tenants d'un folk épuré comme House of Love.
Le mouvement gothique est à son apogée également, même s'il peut aujourd'hui paraître ridicule du fait des looks ou des attitudes exagérées (Christian Death, Fields of The Nephilim), et les anciens phares de la new-wave et du post-punk sortent de l'underground pour atteindre les sommets (U2, Depeche Mode, The Cure, Simple Minds, New Order) ou disparaissent.
De 1988 à 1989, la bascule est totale : l'arrivée de la house music en 1987 entraîne dans son sillage toute une jeunesse qui n'a pas connu le mouvement punk et souhaite découvrir d'autres sensations : tout le monde danse, y compris des anciens groupes qui virent de bord subitement. Le baggy sound apparaît dans la foulée, mêlant dance music et rock (Stone Roses, Happy Mondays), et la ville de Manchester, leader en matière de groupes novateurs et excitants, trouve un second souffle en devenant la bien-nommée Madchester.
Tout le monde danse, ou presque, car le phénomène reste anglais, même si certains, peu nombreux mais à l'influence considérable se tournent vers le psychédélisme (Loop, Spacemen 3). Aux Etats-Unis, d'autres réintroduisent le bruit et la fureur, sans pour autant refaire de la musique punk : le bruit devient un élément du son avec Sonic Youth et les premiers groupes grunge de Seattle réinventent un nouveau son, et sur la côte est les Pixies affirment leur non-look et leur non-attitude.
En France, on reste très fortement influencés par la new-wave d'une part, qui donne même naissance à la fin des années 80 à la touching pop, bref mouvement composé de quelques groupes, et par un renouveau punk rigolard d'autre part dont les leaders ont pour nom Bérurier Noir, Ludwig Von 88 ou les Garçons Bouchers.
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