Le rock indé de 1990 à 1994


Un rock enragé et bruyant


Pour des Français ou des Européens, le rock indépendant, en 1990, a quasiment toujours été anglais : rares sont les groupes américains que l'on écoute... ou tout simplement que l'on connaît !
Il y a eu les punks des Ramones et de Suicide, quelques éléments de la new-wave comme Devo, les Talking Heads, Pere Ubu ou les B52's, plus récemment Hüsker Dü, R.E.M. ou les Pixies, mais la première moitié des années 90 va changer la donne et rétablir la balance.

Désormais, les Etats-Unis deviennent l'épicentre de l'actualité musicale : on découvre non seulement toute une nouvelle scène alternative, mais aussi une plus ancienne, et qui n'a rien à envier à la scène anglaise...

C'est bien évidemment Seattle, au nord-ouest des Etats-Unis, qui décroche la timbale : le grunge, ce nouveau mouvement musical, y est né, et il va être popularisé par un label, Sub Pop, et un groupe au talent mélodique absolu, Nirvana, qui balaye la musique des années précédentes en un tournemain : la musique, mais aussi les looks (T-shirt débraillé, baskets et jeans troués sont à la mode), les attitudes (le loser pathétique devient le digne représentant du mouvement) et tout une forme artistique précieuse et léchée laisse la place au trash et au mauvais goût (le cinéma s'empare par exemple des serial killers, le design de pochettes de disques inventés par Factory ou 4AD est remplacé par des collages punks et des dessins comme ceux de Raymond Pettibon).

Grâce à la belle gueule de Kurt Cobain (tout le monde a oublié TAD, aux mélodies aussi bonnes et douées que Nirvana mais dont le leader Tad Doyle, obèse et barbu, vend beaucoup moins sur la couverture d'un magazine), le grunge et ses dérivés (du punk-folk lo-fi de Sebadoh et Pavement au metal de Prong, Unsane ou Neurosis en passant par la noise cinglée de groupes comme les Cows, Jesus Lizard, NoMeansNo, Hammerhead (bon nombre signés par un autre label important, Amphetamine Reptile à Minneapolis), le renouveau hardcore que l'on appellera plus tard le post-hardcore (Fugazi, Big Black, Girls Against Boys) et les influences hard-rock (Pearl Jam, Soundgarden, L7) ou psychédéliques (Monster Magnet, Seaweed, Truly), il y aura de quoi faire sans qu'une journée ne se passe avec la découverte d'un nouveau combo au talent renversant.

Une époque unique et bénie où ces groupes pour la plupart inaudibles trouvent un écho commercial, de gros labels comme Geffen ayant pignon sur rue et ayant flairé l'aubaine de la nouveauté.
En même temps, les mouvements sombres des années 80, qu'ils soient synth-pop, gothiques ou industriels renaissent de leurs cendres en insufflant de la techno dansante et des grosses guitares à leur musique et en mélangeant allégremment les styles. Ministry, Die Krupps, KMFDM mènent la danse et prennent leur part de bruit et de violence.
Même en France, le hardcore et le métal vivent leurs plus beaux jours avec des Kill The Thrill, Condense, Prohibition, Davy Jones Locker, Deity guns, Treponem Pal... qui n'ont rien à envier aux américains.

La Grande-Bretagne, quant à elle, n'évolue pas tout à fait de la même façon, mais les groupes qu'elle produit sont eux aussi très excitants : ceux qui font de la shoegaze notamment, cette pop sombre, directement inspirée de la new-wave, sur lit de guitares saturées, Lush, Ride, My Bloody Valentine, Swervedriver, Pale Saints... et les autres, à mi-chemin entre la power-pop-électro-dance de la fin des 80's et la brit-pop qui va suivre comme Ned's Atomic Dustbin, The Jesus & Mary Chain, The Charlatans, Blur,  New Fast Automatic Daffodils, Daisy Chainsaw, Salad, etc.

Mais tout cela ne durera pas, le suicide de Kurt Cobain datant symboliquement la fin d'une époque...




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