Un rock qui mélange les styles
Avec le grunge et tous ces nouveaux punks insaisissables, le monde musical ne pouvait tolérer longtemps la mainmise des labels indépendants et les lubies de tous ces groupes sales et teigneux, alter-mondialistes et anti-capitalistes avant l'heure.
La poule aux œufs d'or s'était échappée de son enclos, laissant labels et médias effarés devant cet afflux d'énergie et de colère, il est maintenant temps de remettre de l'ordre dans la basse-cour en solidifiant l'enclos : on transforme le grunge en un phénomène de mode, on éclipse gentiment tous ceux qui font trop de bruit, et on met en avant les belles gueules de la brit-pop à la musique beaucoup plus abordable, et donc beaucoup plus vendeuse.
1995-1999, les années brit-pop ? Quasiment. La presse adore les petites phrases prononcées par les leaders de Blur, Suede, Oasis, dont la musique a pour avantage d'être très mélodique, souvent sexy et pas trop bruyante avec toute la vague de groupes comme Suede, The Auteurs ou les groupes de la "new-wave of the new-wave" éphémère. Tous tiennent leurs influences de divers courants musicaux : les années 60, 70, le punk, la new-wave...
En parallèle, le rock industriel dur évolue lui aussi avec la naissance du "big beat", un mouvement électronique qui mêle techno, house music, dance music et hip-hop, différents courants réunis en un seul avec un esprit très rock : The Chemical Brothers, Fatboy Slim, Leftfield, The Prodigy, Death In Vegas, Junkie XL, Fluke, The Crystal Method, des groupes qui inventent de nouvelles sonorités, allant du plus calme au plus rapide, et qui peuvent tout se permettre grâce à une technologie qui évolue vite et qui permet d'inventer des sons comme on n'a encore jamais pu le faire aussi facilement.
De nouveaux genres dérivés de cette musique électronique marquent également la fin du XXe siècle : la jungle music et le breakbeat d'une part, le trip-hop d'autre part. Ces deux genres - l'un très rapide et énervé, l'autre très cérébral et calme - s'éloignent un peu de l'esprit rock, oscillant entre différentes cultures, blanche et noire, urbaine riche et banlieusarde pauvre. Tricky, Massive Attack, Goldie, Sneaker Pimps, DJ Shadow, Portishead sont influencés autant par les eighties que par le début des nineties, et ça se sent.
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