ECOUTEZ-MOI : Bagarre va vous casser la gueule !

Dans la carrière d'un journaleux musical (oui j'ai commencé il y a très longtemps, comme tous les musiciens ratés), on se prend de temps en temps des bonnes baffes dans la gueule, et le propre dudit journaleux est de reconnaître qu'on peut aimer des choses qui ne sont pas de son registre habituel.
Quoique.

Bagarre a tout pour déplaire : ils sont jeunes (beurk), il y a de l'autotune sur les voix (bleuark), il y a du R'n'B dans leur musique (bleubleuark blurp), et ils portent d'immondes survêtements avec des chaînes en or (trumpsarkozylepenwauquiez).

Et pourtant. Quelle baffe.

D'abord, il y a un SON. Hénaurme. Et puis il y a de la morgue, de la froideur, du dédain, même quand ils chantent la danse, l'amour et le soleil. Il y a aussi une myriade de gimmicks qui font penser à la house des 80's, à l'electro des 90's, au big beat, à la dance, au reggae ou au trip hop, à tout ce que la musique électronique indie a produit de meilleur.
Enfin, il y a un vrai concept artistique, complet, du look (ces survêts et ces chaînes en or, c'est pas possible, dites-mi que c'est un concept ?) aux vidéos, bizarroïdes, étranges, pour ne pas dire carrément malsaines.

Quant au paroles, votre serviteur qui d'habitude s'en fout comme de l'an 40, elles dénotent d'un réel talent, sinon poétique, du moins évocateur. Bagarre parle d'amour via la perte, via l'onanisme féminin ou via les sites porno, Bagarre parle de mort, de béton armé, de vie sans goût, de larmes, d'angoisses ou d'errances.



Et c'est sans doute ça qui est le plus attirant chez eux : Bagarre est un groupe qui ne cherche pas à "avoir l'air". Ils sont libres, ou du moins ils gueulent leur désir de liberté avec violence, douleur, brutalité et honnêteté (et un brin de provoc' aussi !). Loin de tous les clichés auxquels on a l'habitude, que ce soit avec de la musique de danse ou toute la soupe RnB qui pollue les ondes des radios à longueur de journée.

Que de vieux cons comme moi (et d'autres de mon grand âge, j'ai les preuves) soient fascinés par leur musique, leur attitude et leur image s'explique donc aisément : Bagarre sont les dignes héritiers du punk, de la cold-wave, de l'électro-clash ou de tout ce que le rock a produit de plus sincère et révolté, peu importe le style, depuis 30 ans.

On espère qu'ils plairont autant à la jeune génération qu'à la mienne, et surtout pas qu'ils seront trop bizarres pour les jeunes ni trop jeunes pour les vieux.
Ecoutez Bagarre, oubliez vos a priori, écoutez-les vraiment, avec votre âme, sous peine de devenir vraiment des vieux cons, car Bagarre, c'est la liberté, tout simplement. D'ailleurs le premier morceau l'énonce clairement, le martèle sans répit : "Ecoutez-moi, écoutez la querelle - Bagarre, couleur pastel ... Sur le fil de la lame pas-à-pas progresse l'alarme".

BAGARRE : Club 12345 (les Editions Entreprises)



 
Danser seul ("12345")


 
Béton armé ("12345")


 
Ris pas (EP 2015)

 
Bonsoir (EP 2015)

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