Quatrième et dernière journée de Rock en Seine, deuxième pour moi, et un bilan relativement moyen, notamment au niveau de l'enchaînement des concerts prévus, tellement serrés qu'il est impossible d'en quitter un à la fin pour arriver avant le début de l'autre, ou presque. Qui plus est, il y a deux fois plus de monde que vendredi, c'est sans doute l'effet week-end, et c'est bien dommage car c'est bien pénible. Mais aussi, quelle idée d'aller à un si gros festival quand on préfère le Supersonic avec ses 3 places et demi ?
Julie
On commence par Julie, un groupe de shoegaze venu de Californie. Le set est pas mal, mais difficile de vraiment apprécier un groupe quand on connaît à peine sa musique, surtout en matière de shoegaze, si vous voyez ce que je veux dire : si le son n'est pas parfait, on se perd un peu dans les feedbacks, les distorsions et les larsens des guitares et les mélodies se retrouvent noyées dans la masse sonore. Pourtant Julie a sorti un superbe mini-album qui ravit les oreilles d'un fan de shoegaze comme moi. Pour le reste, ils sont très jeunes, mignons comme tout, et shoegazers dans toute leur splendeur : ils regardent leur chaussures et sont mal à l'aise sur scène. Pas de déception cependant, mais pas d'enthousiasme non plus.
The Murder Capital
The Murder Capital, c'est un peu la tête d'affiche pour les gens comme moi. Les albums sont pas mal, surtout le dernier, malgré un côté un peu trop gothique prise de tête, je préfère largement la colère de Shame, LIFE ou IDLES, leurs congénères du renouveau post-punk anglais. Mais sans a priori négatifs, on se prépare à un bon moment quand même. Hélas. Ce n'est pas que le groupe soit mauvais, ni que les chansons n'aient pas l'ampleur méritée, ni que le son ne soit pas bon, non. Le problème, ce sont le bassiste et le chanteur, qui ont des chevilles plus grosses que leurs têtes, déjà bien enflées, autant que leur nombril. Ils en font tellement sans la moindre modestie que c'est ridicule. James McGovern ne cesse d'agiter ses petits doigts en un signe qui veut dire "venez, participez, come on", il le fait même le dos tourné avec le bras dans le dos ; ou alors il pose le pied droit sur les retours et scrute le public derrière ses lunettes de soleil qu'il ne quittera jamais (normal, rock'n'roll, même sous les nuages) dans le genre "vous êtes cool les mecs et moi je suis la star" et comble du comble au milieu du set il allume une clope avec tellement de spontanéité qu'on se demande combien de temps ça lui a pris pour décider à quel moment il allait allumer sa clope pour faire cool. Et dès qu'il l'a allumée, il la prête au bassiste pour qu'il tire une taf, on voit d'ailleurs bien que l'autre attendait ce moment magique prévu à la seconde près. Quant à Gabriel Blake, le bassiste, dans son costard noir qu'il ne doit porter que sur scène, il est encore plus ridicule derrière ses lunettes de soleil qu'il ne quittera jamais (normal, rock'n'roll, même sous les nuages bis) avec ses petites mimiques prétentieuses et ses harangues grotesques. Dommage, car les deux guitaristes et le batteur sont vraiment à fond dans la musique, et on sent qu'ils sont à fond sans chercher à frimer. On part avant la fin si on veut voir Amyl & The Sniffers sur la grande scène (un comble pour un groupe destiné plutôt aux caves ou aux squats) à une distance honnête, pas comme avec Placebo.
Vidéo pas de moi (1)
Amyl & The Sniffers
Que dire sur la surexcitée Amyl et ses potes australiens ? Elle fait les mêmes grimaces que dans tous ses concerts, elle a une énergie débordante et hilarante, les mecs sont parfaits dans leurs rôles de petits punks rigolards, tout ça est rôdé à la perfection et les morceaux de deux minutes à fond les ballons avec chœurs du public et pogos débridés, s'enchaînent à toute allure. Morceaux un peu tous pareils, il faut bien l'admettre, trois accords et des guitares acérées et le tour est joué, mais c'est bien ce qu'on demande à des keupons, pas vrai ? Reste une drôle d'impression au vu de la taille de la scène et de la foule amassée : déjà à l'Elysée-Montmartre il y a deux ou trois ans, c'était un peu grand pour eux, et ça l'est ici encore plus.
Vidéo pas de moi (2)
Wet Leg
Direction Wet Leg, sans réel enthousiasme malgré un album vraiment bien et pas mal écouté, mais un peu méfiant de la hype qu'il y a eu autour de ces donzelles. De toutes façons, on croise Delphine pour papoter et on reste en marge de la foule, peinards sur un des rares poufs libres en plein-air. Et puis on se prend une grosse averse, donc on ne percevra de Wet Leg qu'un (très bon) son un peu éloigné, avec le sentiment que ça a l'air vachement bien... ce qui sera confirmé par d'autres qui y ont assisté. Tant pis pour moi donc (mais non Delphine c'est pas ta faute).
Be Your Own Pet
Be Your Own Pet a sorti deux albums en 2006 et 2008, alors qu'ils avaient à peine la vingtaine, et puis ils se sont séparés... pour se reformer en 2023 et sortir un troisième album... la veille de ce concert ! Je tenais à les voir pour les avoir beaucoup écoutés à l'époque. BYOP, c'est du garage indé hardcore pop punk, si l'on peut dire. Jemina Pearl a une présence folle sur scène, dans le genre Courtney Love (Hole) ou Karen O (Yeah Yeah Yeahs, un groupe auquel ils ont d'ailleurs souvent été comparés). Malgré un public un peu clairsemé (tout le monde est parti voir Foals), les BYOP ont un vrai charisme, le son est parfait et ils réussissent à déchaîner le public sur des morceaux qui n'existent donc que depuis la veille et que personne ne connaît et croyez-moi, le cas est rare. L'album est d'ailleurs super, et ce concert sera vraiment le meilleur moment de cette journée.
Vidéo pas de moi (3)
Foals
Comme il reste un peu de temps, j'assiste à la fin de Foals, d'encore plus loin que là où j'étais pour Placebo (décidément, les grands concerts, c'est pas pour moi). N'ayant jamais été archi-fan de ce groupe que je trouve très inégal, entre morceaux géniaux et d'autres chiants comme la mort, je prête quand même une oreille attentive pendant les vingt minutes où je suis là, et j'avoue que c'est très bien, une vraie émotion et une musique forte et prenante. Et si je réécoutais les albums ?
Vidéo pas de moi (4)
The Strokes
On s'était tous séparés, on se retrouve pour décider ce qu'on va aller voir, mais on a juste faim, soif, froid et envie se soulager des besoins naturels. On a le choix, dans le créneau "rock indé au sens large" qui est le nôtre, entre Bonobo... et Bonobo. Mais on s'en fout. Les Strokes ne seront là que dans 45 minutes... et là c'est moi qui m'en fous un peu, n'ayant jamais, comme pour Foals, été très enthousiasmé par leur rock plan-plan, gentil et sympa mais qui ne me secoue pas vraiment, et en plus sur la grande scène. Or, c'est bien ça que j'attends avec n'importe quelle musique : être secoué, perturbé, remué, étonné, enthousiasmé (au vu des comptes-rendus que j'aie pu lire ensuite, on a bien fait de ne pas y aller). Ce sera donc l'heure du retour.
Peut-être à l'année prochaine ? Ou pas.
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