"En immersion"... ah bon. Et mon [censuré], il est en immersion ?

En ce moment sur Arte en replay, et dispo pour tous les méchants pirates, la mini-série de 3 épisodes "En immersion" de Philippe Haïm, à qui l'on devait la très bonne série "Braquo" avec Jean-Hugues Anglade.
Le qu'en dira-t-on était prometteur : série sombre, filmée en noir et blanc léché, avec pour sujet un flic malade qui n'en a plus pour long à vivre et qui infiltre le milieu de la drogue, "une histoire belle et simple, un conte surprenant" (© Les Inrocks, ah qu'ils sont nazes eux parfois). Et tout ça, français, cocorico.
Moi, quinquado assumé tout musclé, j'aime quand c'est sombre, très sombre, quand c'est violent, très violent, quand ça va loin et que ça dérange... mais, pourtant, passée la fascination du premier quart d'heure, j'ai lâché prise. J'ai quand même regardé tout ça en entier, histoire de... mais au final quelle déception. Et je vais vous dire pourquoi, parce que je suis comme ça.



Primo, tout est factice là-dedans, et les personnages sont de vrais caricatures, on frôle même souvent le ridicule :

  • le héros, père maladroit mais aimant et pourtant désespéré (eh oui c'est dur la vie), passe sont temps la tête courbée ou entre ses mains quand il ne pleure pas, ce qui ne l'empêche pas d'infiltrer un cartel hyper-violent tranquillou, avec jamais l'impression qu'il a la trouille ou une once d'hésitation. Même si on va crever dans 6 mois, ne me faites pas croire qu'on affronte des types qui vous explosent la cervelle pour rien avec désinvolture.
  • la fille, sympa et mignonne, est attirée par un petit con sans le moindre charisme à part sa belle gueule, et elle l'est beaucoup plus que cela n'est réaliste, complètement accroc à ce type qui lui tape dessus et la traite comme une chienne, c'est ridicule. Sans parler de la drogue, ouh c'est pas bien, et tout ça alors qu'ils sont encore au lycée (j'étais peut-être un peu attardé, mais eux ils sont sacrément matures).
  • Les flics sont tous infects, mais vraiment, et même si on a dû leur dire de jouer froidement ("tu fais pas assez la gueule coco, soit plus froid stp"), leurs personnages sont d'une bêtise affligeante, qu'il s'agisse de la chef-flic qui joue aux échecs avec ses collègues pour les tester (moins plausible, tu meurs), qui a l'air ultra-constipée tout le long (jamais une émotion, jamais un sourire ou rien), mais qui veut adopter un enfant même si elle change d'avis ou bref, on s'en fout, et le supérieur du gentil flic, une vraie ordure imbue d'elle-même qui tyrannise sans vergogne le gentil juste avant de s'écraser devant lui parce que, tu comprends, il va risquer sa peau pour la Justice. N'importe quoi.
  • Quant aux malfrats, les acteurs ont fait ce qu'ils ont pu mais on les verrait plutôt en train de faire les kékés dans "Plus belle la vie" vu leur physique d'adolescents maigrichons polis et bien élevés (mais ça doit être voulu pour créer un contraste et une ambiance, arf arf). Et vas-y que je te sors mon gros flingue et que je t'explose un mec sans sourciller, ou que je le torture comme le dernier des nazis.
  • Et ne parlons pas du réfugié malien (NDA : vous avez remarqué, je parle de "réfugié" et pas de "migrant"), une lopette comme on en fait rarement, qui parle français ou pas, on n'a pas bien compris, et qui passe son temps à pleurnicher avec des yeux de caniche, mais c'est peut-être parce que c'est un malheureux Noir sorti de sa cambrousse qui est effrayé par la violence du monde occidental ? Bonjour le cliché, sans compter que ça pourrait presque passer pour du racisme (je rends ça au réalisateur, il n'a pas dû le faire exprès).

Secondo, le scénario : on se dit que tous les flics de France vont bondir de joie en voyant à quel point il est simple de se faire passer pour un gros voyou et de devenir le pote du chef des méchants en 3 minutes (d'ailleurs le gentil le dit au méchant à la fin, "qu'est-ce que tu es naïf mon gars", il ne manque que le rire sardonique) alors que ce dernier terrifie tous ses lieutenants dans la première moitié de la série. Et comme il est très con, il ne s'est pas aperçu non plus (attention, spoiler), que son bras droit est lui aussi un flic infiltré. C'est ballot ! (d'ailleurs pourquoi n'est-ce pas ce dernier qui aurait pu monter l'arnaque, on sait pas, il disparaît au milieu des épisodes sans crier gare, il a dû se demander ce qu'il foutait dans cette série).

Bref, "En immersion", c'est comme une bonne petite tarte aux pommes sur laquelle on aurait ajouté plusieurs couches de sucre, de chantilly, de chocolat, de béton armé, ça te rend le truc indigeste et ça finit par te faire vomir.

Au fond, s'il y avait eu un poil d'humour ou de nonchalance, ça aurait pu fonctionner, mais ici tout est tellement tendu, prêt à craquer, surenchéri sur surenchéri, qu'on a qu'une envie : se barrer de la télé et aller voir, je sais pas moi, "C'est arrivé près de chez vous", "Délivrance", "Le parrain", ou n'importe quel film qui parle de violence avec réalisme et une vraie puissance, ou, si on préfère la bluette (c'est peut-être le sujet après tout, les relations père-fille), n'importe quel film avec des histoires de relations enfants/parents, là non plus ça ne manque pas.

Bref l'esthétisme pour l'esthétisme, sans la moindre émotion, ça plait dans les salles d'exposition ou aux branchouilles bobo pleins de morgue "la vie est pourrie tout est pourri" mais là, quand même, ça ne vaut pas la peine de se faire ch... devant sa télé.

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