Commentons l'actualité avec un soupir de lassitude

Et si je parlais un peu de l'actualité politique, sociale, patin, coufin ? Hein ? Ben pourquoi pas, après tout tout le monde le fait, alors pourquoi pas moi, d'autant qu'étant en plein accord avec moi-même, je sais bien que j'ai raison.

Donc ces dernières semaines, c'est un fait, on a déjà oublié les attentats de Bruxelles, et plus encore ceux du Bataclan. C'est tellement loin, ça n'intéresse plus personne, vivement qu'il y en ait un nouveau pour qu'on puisse mettre sur Facebook un nouveau logo de soutien avec les victimes.
Sinon, on pourrait signer une pétition "je suis contre les attentats" ou "non au djihad" ou encore "contre l'inanité politique", "pour que chacun soit respecté", "non à la guerre, c'est mal", etc.

L'actualité a surtout tourné autour de Nuit Debout, alors j'y suis allé faire un tour pour voir de quoi ça a l'air, et je me suis aussi pris un peu la tête à ce sujet sur Facebook. Je vous le dit tout net en levant le menton avec fierté : je suis pour, parce que je trouve ça bien que des gens, surtout quand ils sont jeunes, remettent en cause le système. Tout le monde dans sa vie devrait remettre en cause le système, au moins une fois, vous croyez pas ? Parce que ça aide à se sentir fort, libre, et parce que si tout le monde fait ça en même temps, ben ça peut, qui sait, occasionner un vrai changement.

Donc Nuit Debout, c'est un peu le bordel, ça fait un peu crado, il y a un peu de tout, des vieux punks à chien, sales, assis dans la bière renversée, des néo-babas en dreadlocks dont certains jouent de la guitare, des clodos et des tas de zonards, attirés par eux-mêmes. Mais il y a aussi des tas de jeunes (définition : un jeune est quelqu'un qui ne lit pas ce blog), plutôt plus âgés que des lycéens, pas mal de trentenaires, et puis aussi de vieux anars, d'ultra-gauchos, et quelques gens "normaux" (mais bon, l'habit ne fait pas le moine). Il y a aussi plein de photographes et de caméramen, et sans doute, bien cachés, pas mal de flics des RG ou autres.

C'est aussi le bordel parce qu'il y a des "commissions" un peu partout (commission Prison, commission antispécisme, commission féminisme, commission poésie - enfin lui il était tout seul), beaucoup de gens assis par terre en rond qui discutent (bienheureux ceux qui ont un haut-parleur) et qu'on erre un peu là au milieu sans savoir où aller.


Voilà, ça, c'est pour ce qu'on voit. Après, il y a ce que l'on ressent. Eh bien je dois avouer que j'ai ressenti une petite excitation (mentale, pas sexuelle, hein, tss) et un certain optimisme à la vue de toutes ces forces vives, qui se décarcassent, avec leurs moyens dérisoires, pour refaire le monde. Car s'ils ont peu de moyens, ils ont plein d'idées. J'en vois qui rigolent, il y en a d'ailleurs plein qui rigolent et c'est pour ça que je me suis énervé sur Facebook : on peut certes se dire que ce sont tous de gentils naïfs ou de dangereux anars, que tout ça n'aboutira à rien, que tout est tellement pourri et merdique que rien ne sert à rien, et que le cynisme et le désespoir c'est vraiment génial de se vautrer dedans, mais on peut aussi se dire que malgré l'absence d'horizon, il y a cette petite lumière, toute petite, si petite, là dans l'obscurité, et qu'il faut juste trouver un moyen pour l'entretenir, puis l'étendre, jusqu'à ce qu'elle illumine tout.

Une jeune fille de mes connaissances (ma fille en l'occurrence, j'avoue), m'a mis le nez dans mon caca : "tu détestes tout, tu es trop blasé, trop négatif (c'est pas vrai, j'adore le nouvel album des Dandy Warhols !) et moi j'ai besoin d'espoir, même si ça ne sert à rien". Mais elle a bien raison cette petite ! De quel droit nous autres, parents, devrions apprendre à nos enfants que leur vie va être merdique, qu'ils vont devoir souffrir et se battre bien plus que nous ? Ils ont le droit de rêver, parce que le rêve et l'utopie sont les fondements des révolutions, ou des prémices des révolutions, cela a toujours été le cas, on ne se révolte pas avec raison en pesant le pour et le contre, on se révolte parce qu'on a faim ou qu'on a mal. C'est comme quand on fait un enfant. On le fait parce qu'on en a envie, pas parce qu'on se rassure en se disant que ça ne gênera pas trop notre planning très chargé.

Voilà pourquoi il faut soutenir Nuit Debout, même si on n'y croit plus, même si nos combats passés ont été des échecs, même si notre espoir s'est restreint d'année en année jusqu'à aboutir au seul désir de cultiver son jardin sans s'occuper du reste (salaud de Candide).
Et s'ils doivent se prendre un mur dans la gueule, alors laissons-les se le prendre dans la gueule, la prochaine génération réessaiera, et, au final, il y a bien un moment où le mur va tomber, à force de le pousser.


On a aussi pas mal parlé des Panama Papers, et c'est un peu le même son de cloche : d'un côté le rire sardonique "on n'apprend rien, ça changera rien, c'est pas de l'info rien que du buzz" et de l'autre, même si les premiers n'ont pas forcément tort, de vraies preuves de ce que tout le monde sait depuis des lustres... mais on n'avait pas encore de preuves aussi évidentes, avec des papiers, des noms, et tout, c'est ça le point positif. Les choses vont-elles changer ? Là, rien de moins sûr, mais si on peut déjà s'occuper des abattis de deux ou trois enflures, rien que pour ça, ça vaudra le coup de s'enthousiasmer pour le travail qui a été fait. Et petit à petit, à force d'acharnement, ce système pourri jusqu'à la moëlle finira par disparaître, peut-être simplement parce que les futurs candidats, pour être élus, jureront qu'ils feront régner l'ordre et qu'ils joueront leur réélection sur quelques emprisonnements, et qu'à force de ne pas tenir leurs promesses et d'être conspués, ben... ils finiront par les tenir.

Quoi d'autre ? La baffe de Joey Star à l'autre connard ? Il aurait dû lui mettre un vrai pain, quiconque a un peu de bon sens a bien vu que c'était une baffounette pas bien méchante. Bref. Rien à branler, Hanouna est très malin, il a compris tout de suite qu'en montant cela en épingle cela ferait grimper son audimat. Au fond, lui non plus n'en a rien à foutre de cette baffe, seul le pognon compte. Bref. Rien à foutre.

Sinon. Macron et sa femme. Mon Dieu, la femme de Macron, il a donc une femme, c'est dingue. Et ils couchent ensemble, en plus ? Pourtant elle a l'air super vieille. Bon. Rien à foutre.

Ensuite. Nabila fait ses mémoires. Elle a l'air sincère, en tout cas dire qu'elle est trop passée à la télé lui permettra de repasser à la télé et de faire un peu d'argent. Rien à foutre.

Encore. Les candidats aux primaires ou aux présidentielles. Bon. Je m'en fous complètement, on dirait un disque rayé depuis 30 ans.

J'apprends presqu'en direct que Michel Sapin aurait claqué l'élastique de la culotte d'une journaliste. Féministes, révoltez-vous ! Voilà, rien d'autre à dire là-dessus. Et les Femen, on n'en parle plus ? Moi je les aime bien, les Femen, c'est un peu comme Nuit Debout, pas forcément toujours cohérent, mais plein d'espoir et d'un réel désir de faire changer les choses en faisant chier les cons.

Patrick Sébastien s'est pris le chou avec Yann Moix. Ah. J'aime pas des masses Patrick Sébastien à cause de ses chansons ultra-beauf, mais il a un côté sympathique, naïf, que j'aime bien (et puis comme imitateur, il assure). On sent bien qu'il est très empathique en tout cas, alors que Yann Moix... mon Dieu... Yann Moix... Oui il est écrivain et cultivé, mais c'est vraiment tout. il doit se branler devant le miroir en se trouvant super intelligent. Qu'il crève.

Prince est mort. Ben oui ça arrive forcément à un moment ou un autre. Moi, perso, je l'ai toujours haï depuis Purple Rain, et j'étais bien content qu'on n'en parle plus depuis des années. "Everybody loves you when you're dead", chantaient les Stranglers, mais là pour le coup non, je m'en fous, même si c'était un excellent musicien. Je suis bien triste pour ses fans, c'est tout, mais il n'est pas et n'a jamais été dans mon espace culturel.

A part tout ça, il y a eu 800 morts dans un nouveau naufrage. Depuis des années des êtres humains, avec deux bras, deux jambes, un coeur, des envies, des rires, des larmes, crèvent comme des chiens en fuyant la mort et la peur, mais on parle de Nabila, Hanouna ou Prince. Deux entrefilets, pas d'images. Ok.
Ceux qui les tuent veulent aussi nous tuer et continueront à nous refaire le Bataclan, le World Trade Center ou L'aéroport et le métro de Bruxelles. Et nous on continue aussi à vouloir les oublier. Et en faisant ça, finalement, on leur donne raison. Car vu de l'extérieur, c'est pas joli joli, l'image qu'on renvoie.

Allez, face à tout ce marasme, écoutons donc le dernier Dandy Warhols et la nonchalance rigolarde de ce single, Styggo. Fermons les yeux, laissons-nous aller. On n'est pas bien, là, Tintin ?



2 commentaires:

  1. sans aller jusqu'à écouter les dandy warhols (il ne faut pas non plus pousser mémé dans les orties, il n'y a plus de place), je suis d'accord avec toi, les priorités de nos informateurs sont plutôt biaisées, même si c'est grâce à toi que j'apprends des choses sur Nabila et Yann Moix, que je ne connais l'un comme l'autre que de nom (idem pour Hanouna). Je pense avoir la même attitude vis-à-vis de Nuit Debout, et encore je n'y ai même pas mis les pieds, mais je crains de ne plus croire en grand chose... Quant à Prince, comme disait l'autre ordure, "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre"... J'ai un album, ça me suffit, et je ne pleure pas de ne jamais l'avoir vu sur scène, c'est juste Blanche-Neige qui vient de perdre l'un des 7. Ok, je sors...

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