Saul, part 1 ("Better Call Saul")

Better Call Saul, saison 2, c'est fini, et cette nouvelle saison a confirmé tous les espoirs que l'on avait pu mettre en la première.

Résumons. Il y a bien longtemps, en 2008, l'une des séries les plus marquantes de son époque voyait le jour : Breaking Bad racontait l'histoire d'un brave type, prof de chimie, embringué plus ou moins malgré lui dans la fabrication de drogue à grande échelle. La grande réussite de la série était due, en partie, aux personnages de second plan et, pour ceux qui nous intéressent ici, en l'avocat véreux Saul Goodman et au tueur froid Mike Ehrmantraut.


Better Call Saul évoque le lent glissement de Saul Goodman, qui n'utilise pour le moment que son vrai nom, James/Jimmy McGill, du statut de petit avocat sans grande envergure, mais malin comme un singe et pas très à cheval sur la loi (un comble pour un avocat), à l'avocat des pires truands dans Breaking Bad. Idem pour Mike Ehrmantraut, que l'on voit ici simple petit employé de parking, et garde du corps à son temps perdu, refusant toute violence, devenir peu à peu tueur sans pitié.

Better Call Saul a déjà duré vingt épisodes et deux saisons, le moins que l'on puisse dire c'est que la série prend son temps, car nos deux héros sont encore très loin de ce qu'ils vont devenir.

Là où la série est très réussie, c'est que tout en conservant la marque de fabrique Breaking Bad (personnages, décors, humour décalé) elle s'éloigne de cette dernière par deux aspects : ici, pas d'ultra-violence ni de gore. Ou plutôt, si, mais de façon latente... ce n'est pas loin, c'est tout près mais seulement suggéré.
Pas de violence donc, et une vraie tendresse pour les personnages, contrairement à Breaking Bad où l'on sentait le plaisir sadique pris par les scénaristes pour détruire et enfoncer leurs héros. Jimmy McGill est souvent touchant de gentillesse, et on le plaint vraiment quand, à cause de ses petites magouilles (toujours réalisées par empathie pour la femme qu'il aime ou juste par "système D" pour éviter les tracas, mais jamais par malveillance), il s'en prend en retour plein la gueule.
Pour Ehrmantraut, c'est pareil. Sa gentillesse débordante pour sa fille et sa petite-fille et son désir de justice excusent ses règlements de compte (toujours sans violence) envers la terrifiante mafia locale, en l'occurrence celle d'une famille que l'on a croisée dans Breaking Bad, les Salamanca.

Les personnages secondaires de Better Call Saul sont ici aussi impeccables et très aboutis. Il y a la petite copine de McGill, parfaite en avocate inflexible mais séduite par le démerdard Saul qui éveille en elle, on l'imagine volontiers, le goût de l'interdit.
Et il y a surtout le frère de Jimmy, Chuck, brillant avocat et réputé comme tel, malheureusement victime d'une terrible phobie (ou maladie ?) : l'hyper-sensibilité à tout rayon électrique ou onde-radio qui lui provoque des maux épouvantables.

Les relations amour/haine  des deux frères, on le comprend vite, vont en grande partie déclencher la chute de McGill. La saison 2 est tout particulièrement consacrée à leur antagonisme, et c'est avec effroi (mais plaisir !) que l'on assiste au drame qui se noue, que l'on pourrait intituler "comment une petite magouille peut dégénérer jusqu'à un règlement de compte impitoyable susceptible de briser une vie"... Règlement de compte en suspens à la fin de la saison, mais on prévoit le pire, évidemment. Difficile aussi, et c'est là que le scénario est fortiche, de voir en l'un ou l'autre des personnages un méchant ou un gentil, chacun ayant ses raisons et ses motivations qui restent très légitimes. Evidemment, on a une préférence pour James McGill, mais on assiste juste impuissant à une longue descente aux enfers.

Concernant Ehrmantraut, la situation est similaire : peu à peu, on comprend vers quoi il glisse, et quand on connaît Breaking Bad, on a hâte de voir à quel moment il va laisser la violence l'envahir, et surtout aussi de ce qu'il va advenir de Hector Salamanca, ici mafieux en pleine forme devenu paralytique bavant dans Breaking Bad.

Difficile de dire par conséquent si Better Call Saul peut susciter chez quelqu'un qui n'a pas vu Breaking Bad, autant d'attrait. Mais en écartant l'aspect préquel et le suspense du "comment vont-ils en arriver là", il reste une galerie de personnages épatante, doublée de scènes bourrées d'un humour impeccable.

Vince Gilligan et Peter Gould, les showrunners de Breaking Bad et Better Call Saul sont de sacrés lascars, et leur univers foutraque, digne du meilleur des frères Coen, fait désormais partie des meilleurs moments télé du XXIème siècle. Vivement la saison 3, que l'on sait désormais confirmée !



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