Retour sur 2022 - le best-of !

Le rock est cyclique, ça se voit bien dans le découpage de périodes d'années que j'ai essayé de réaliser, là, ci-contre à droite dans la catégorie "podcasts".
Il est forcément difficile de se situer dans le présent, sans avoir un peu de recul sur les sorties d'albums, la naissance et la mort des groupes et l'évolution des styles musicaux, mais depuis quelques années, il me semble clair que nous nous situons dans un revival post-punk nettement marqué, la 3ème vague après celle, assez éphémère, de la première moitié des années 2000.

Du post-punk modernisé, "punkisé" via une énergie débordante et avec un style de chant parlé assez flagrant lui aussi d'un côté, mais toutes ses tendances sont bien représentées également (cold-wave, dance-punk, avant-garde, etc). Certes, ce genre de musique est toujours limité géographiquement, et si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se différencient moins l'un de l'autre aujourd'hui que par le passé, il reste toujours de grandes différences entre les groupes français et anglo-saxons, en incluant depuis quelques temps les australiens et néo-zélandais, encore différents. Sans parler des allemands ou des scandinaves, qui eux aussi ont en général un style bien à eux.

Cette année aura vu la concrétisation ou la disparition de groupes nés il y a 3 ou 4 ans qui sont passés du statut de groupes de bars à celui du remplissage de grandes salles (je n'irai pas jusqu'aux stades, ce blog n'est pas encore consacré au rock mainstream grand public) : Viagra Boys, Amyl & The Sniffers, IDLES ne sont plus des débutants, c'est avec eux que l'actualité se fait et se défait, et ça se voit dans notre beau pays, ils passent à l'Elysée-Montmartre, à l'Olympia ou au Bataclan, sans doute les plus grandes salles parisiennes si l'on exclut bien sûr Bercy (pardon, Accor Hotel Machin) ou le Zénith.

Mais passons à l'essentiel. Pour ne pas faire comme tout le monde, j'ai choisi 15 albums (et encore je me suis forcé), voici sans ordre particulier quelques lignes sur chacun.



LIFE : "North Coastal Town"
Combo anglais de la nouvelle scène post-punk énervée dont je parlais plus haut. C'est leur 2e album, un peu différent du premier car plus difficile d'abord, il faut s'immerger dans les chansons pour en percevoir l'originalité et la force, mais c'est un bijou. Et sur scène, c'est vraiment sympatoche, avec un Mick Sanders au chant qui possède un vrai charisme. Le passage au 3e album devrait être décisif pour les introniser comme l'un des groupes importants des... années 20, en tout cas on espère.



The Eternal Youth : "Life is an illusion, love is a dream"
Seul groupe français du lot, mais ce n'est déjà pas si mal !  Les caennais en sont à leur troisième album : le deuxième avait déjà fait sensation l'année dernière, celui-ci remet le couvert avec son "emo-post-hardcore" bourré de feeling et d'émotions. The Eternal Youth sont les dignes héritiers des géniaux Thugs avec cette capacité impressionnante - et rare - à glisser dans un seul et même morceau autant de mélancolie que de colère, avec des refrains à fredonner sous la douche et des guitares énervées pour pogoter entre potes, le tout avec une sincérité et une modestie désarmantes.




Horsegirl : "Versions of Modern Performance"
Trio féminin de Chicago, ces jeunes filles bourrées de talent réinventent le noise-rock à la Sonic Youth, avec de l'électricité et des larsens, mais l'on devrait presque parle de noisy-pop voire de shoegaze, car les adjectifs qui décrivent le mieux leur musique seraient plutôt la douceur et la mélancolie, avec des tas de trouvailles mélodiques réjouissantes par dessus... bref un sacré feeling. C'est leur premier album et on a hâte d'en écouter plus.




Deliluh : "Fault Lines"
Direction le Canada (bon, c'est de là qu'ils viennent mais maintenant ils sont à... Marseille) avec Deliluh, et deux potes qui utilisent leurs guitares et leurs synthés pour de longues plages monocordes, répétitives, sombres et poignantes. C'est quasiment de la musique drone, et en effet, ce n'est pas gai du tout, mais comme l'assure la plateforme Deezer sur l'une de ses playlists préfabriquées pour auditeurs fainéants "la musique est plus belle quand les artistes sont tristes."




Wu-Lu : "Loggerhead"
Wu-Lu, c'est le projet de Miles Romans-Hopcraft, un multi-instrumentiste Noir de la banlieue sud de Londres, immergé dans la culture hip-hop autant que dans celle du rock alternatif. Eh oui, en 2022, les genres se mélangent... Mais ils se mélangeaient déjà dans les années 90, avec trois artistes auxquels on pense beaucoup en écoutant ce somptueux album :  Tricky, Massive Attack ou encore Unkle. Un album sombre, tendu, avec une violence sourde et une colère qui reste rentrée (elle n'explose qu'une seule fois comme sur l'hallucinant morceau "South" qui vaut à lui seul tout cet album) et auquel on revient encore et encore.



Automatic : "Excess"
De la cold-wave californienne minimaliste, froide et répétitive mais pas déprimée et presque dansante parfois ! Voir ma chronique sur ce blog.




Witch Fever : "Congregation"
Des riot grrrls gothiques, ça existe ? Eh oui ! Voir ma chronique sur ce blog.




Bob Vylan : "Bob Vylan Presents The Price Of Life"
La punkitude n'est plus l'apanage des middle-class Blancs, elle en passe de se faire réapproprier par la communauté Noire ! Voir ma chronique sur ce blog.




Sports Team : "Gulp!"
Un... sextet (c'est rare !) venu de Londres dont le premier album se pose là : une power-pop à haute teneur énergétique, joyeuse et débridée, en digne héritière des Wedding Present ou des oubliés Poster Children. De quoi se mettre de bonne humeur instantanément après les albums évoqués ci-dessus ! Enfin, quand je dis bonne humeur, il y a quand même sous ces fausses mélodies enjouées un réel dégoût de la société actuelle, rien de léger ou d'inconséquent là-dedans. Et la pochette est un chef d'œuvre !



False Heads : "Sick Moon"
Moins connus que les autres (allez savoir pourquoi), False Heads vient de Londres. Ce trio très inspiré donne lui aussi dans le "post-punk 2.0", la power-pop ou le punk ou tout ça mélangé (décidément, les étiquettes c'est difficile parfois, surtout quand on n'aime pas ça). Peut-être plus sérieux - plus sombre ? - et moins rigolards que les autres groupes mentionnés ici, False Heads réussit à créer des mélodies vraiment prenantes en insufflant beaucoup d'émotion dans ses morceaux.





Unsanitary Napkin : "All Billionaires Are Bastards"
Tout droit venu de Nouvelle-Zélande, un trio anarcho-punk difficile d'accès mais absolument  brillant : Voir ma chronique sur se blog.




Loose Fit : "Social Graces"
On reste de l'autre côté de la planète, mais en Australie cette fois, avec un groupe qui renouvelle à merveille ce que l'on a appelé le "disco-punk" ou "punk-funk" ou encore "dance-punk". En dignes héritiers de Gang Of Four, mais aussi - une influence que l'on ressent beaucoup - du Public Image Limited de Metal Box, ou encore de Pylon. Le chant possédé de Kaylene, la chanteuse du quatuor, est pour beaucoup dans la claque que procure ce disque absolument réjouissant.




Mini Skirt : "Casino"
Encore des Australiens, des punks (modernes) purs et durs, qui font un rock très 90's, entre hardcore, punk et noise. Une musique urgente et abrasive, faite par des gens pas contents du tout, qui crachent avec talent leur rage et nous la communiquent sans jamais nous ennuyer une seule seconde.




Oneida : "Success"
C'est le seul groupe du lot à faire partie des "anciens" (ils sont nés à la fin des années 90). Oneida n'a plus rien à prouver depuis longtemps mais leurs derniers albums, ceux de la décennie 10 étaient sans doute trop conceptuels, laissant présager une fin de carrière proche. Ô surprise, après 4 ans de silence, ce Success là renoue avec son titre, le succès, avec ses géniales compositions très psychédélico-noisy parfaitement envoûtantes.




Yard Act : "The Overload"
Sorti en tout début d'année 2022, cet album est à classer aux côté des chefs de file que sont les IDLES, avec LIFE que nous avons vu plus haut, Sports Team ou encore les TV Priests (dont l'album a failli figurer dans ce top). Bourré d'énergie, avec ses refrains à reprendre en chœur le poing levé et son petit côté dance-punk, Yard Act est un digne représentant de la scène anglaise de ce changement de décennie : idéal pour s'évader d'un quotidien stressant, pour se sentir moins seul, en ingurgitant de bonnes rasades de lumière dans un environnement tout gris.



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