L'actu du rock indé en juillet 2003

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En juillet 2003, la nouvelle scène émergente commence à s'affirmer, et le post-punk fait un retour en force, tout en se démarquant du mouvement identique des années 80. Parmi les nouveaux groupes qui inventent de nouvelles ambiances sonores, TV On The Radio s'impose.

Actualité :
- Premier Ministre : Jean-Pierre Raffarin
- France : loi Fillon sur les retraites des fonctionnaires, désormais alignées sur le secteur privé (40 ans)
- Monde : La chaîne de télévision Al Jazeera diffuse un message de Saddam Hussein dans lequel il déclare : « Nous avons sacrifié le pouvoir, mais nous refusons de sacrifier nos principes, notre foi et notre honneur. »
- Meilleures ventes de singles (en fond sonore !) : DJ Bobo : "Chihuahua" | Jocelyne Labylle & Cheela feat. Jacob Desvarieux & Passi : "Laisse parler les gens" | Jonatan Cerrada : "Je voulais te dire que je t'attends"

À l'écoute : 
- Moby : Jam for the Ladies
- LCD Soundsystem : Give It Up
- Yeah Yeah Yeahs : Pin
- Colder : Crazy Love
- TV on the Radio : Staring At The Sun
- Airiel : Liquid Paper
- Super Furry Animals : Golden Rettriever
- Veruca Salt : Officially Dead
- Jane's Addiction : Just Because
- Killing Joke : Loose Cannon
- Melt-Banana : Like a White Bat in a Box, Dead Matters Go On


Chronique de "The Ballad of Darren", de Blur

Blur n'en finit pas de ne plus exister. Après "Magic Whip", l'album du retour en 2015, 12 ans après le dernier "Think Tank" en 2003, voici l'album du retour du retour, 8 ans plus tard. Blur est toujours là, et c'est tant mieux, car les prestations solo de ses divers membres (y compris au sein d'un Gorillaz devenu routinier), bien que sympathiques, laissaient toujours un arrière-goût d'inachevé, de manque de perfection, de ce petit brin de folie qui a toujours existé dans Blur.

Car il faut le rappeler aux plus jeunes : Blur a commencé comme un groupe baggy, ce sous-genre du rock indé né à la fin des années 80 mêlant pop sixties, dance music, psychédélisme et une micro-dose de (post-)punk, avant d'être estampillés britpop, un fourre-tout destiné à évoquer quelques groupes capables d'émoustiller les minettes en mal d'idoles et surtout à rapporter plein de sous à l'industrie du disque, revenue d'entre les morts depuis la fin du grunge et de ses musiciens aux cheveux longs pas assez sexy. D'aucuns s'obstinent depuis à ne voir en Blur que l'aspect jolies mélodies et bluettes calibrées pour les charts, mais c'est une grossière erreur : Blur a toujours concilié la pop la plus kitsch qui soit avec les titres tordus, bizarres, bourrés d'expérimentations sonores, voire parsemés d'éclairs de violence. Et c'est cela leur force : réussir dans tous les cas à ne jamais avoir l'air ridicules ou inaccessibles.

Ceci étant, la vraie question est la suivante : ce nouvel album est-il à la hauteur de ce que l'on a connu, et bien sûr de ce que l'on attend ? Le groupe semble avoir bien compris le message : il ouvre l'album avec The Ballad, une ballade, donc, gentille et sirupeuse à souhait, comme pour nous dire : "on commence par ce que vous vouliez". Puis il enchaîne avec tout à fait autre chose, histoire de nous rappeler "ça, c'est nous aussi" : St Charles Park, c'est leur côté Dr Jekyll, avec ses guitares dissonantes et sales sur lesquelles ils arrivent malgré tout à nous coller des choeurs "comme si c'était une ballade". Ce sera cependant le seul morceau du lot à dénoter du reste. "The Ballad of Darren" lorgne beaucoup plus du côté ballades, qu'elles soient symphoniques (Russian Strings, The Heights) ou seventies (Avalon), acoustiques (The Everglades (For Leonard)) voire electro "à la Pet Shop Boys" (Goodbye Albert). Il y a bien sûr aussi un superbe morceau, le single sorti un peu plus tôt, (The Narcissist).

Au final, un résultat mi-figue mi-raisin : un bon album certes, mais sans réelle surprise ni culot. Les gars ont roulé leur bosse, et ils connaissent la recette, elle est efficace. Le talent est là, les idées aussi, mais on aurait sans doute aimé être un peu plus secoués avec ces dix morceaux étalés sur seulement 35 minutes...

(Chronique également publiée sur premo.fr)



L'actu du rock indé en juillet 1998

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En juillet 1998, les genres musicaux se télescopent, mais le groupe du moment, ce sont les Dandy Warhols qui sortent un brillant dernier single de leur second album, qui les intronise "groupe le plus cool de la planète indé" avec leur rock psychédélico-nonchalant.

Actualité : 
- Premier Ministre : Lionel Jospin
- France : Loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions
- Monde : Soudan : aggravation de la famine au Darfour
- Meilleures ventes de singles (en fond sonore !) : Manau : "La tribu de Dana" | Nomads : "Yakalelo" | Coumba Gawlo : "Pata pata"

À l'écoute : 
- Mr. Oizo : M-Seq
- Miss Kittin & the Hacker : 1982
- The Dandy Warhols : Boys Better
- The Beta Band : Push It out
- Hefner : The Sweetness Lies Within
- Happydeadmen : Lovesong
- The Egg : Bunmela
- Babybird : If You'll Be Mine
- The Hope Blister : Sweet Unknown
- The Yellow Monkey : Punch Drunkard
- And One : Get You Closer
- Fear Factory : Descent


L'actu du rock indé en juillet 1993

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En juillet 1993, les Smashing Pumpkins sortent leur deuxième album, Siamese Dream, qui va devenir l'un des disques parmi les plus représentatifs de toutes les années 90, une référence incontournable.

Actualité :
- Premier Ministre : Edouard Balladur
- France : Retraite : la durée de cotisation passe à 40 ans
- Monde : Suspension des essais nucléaires britanniques, soviétiques et américains
- Meilleures ventes de singles (en fond sonore !) : Haddaway : "What Is Love" | Ace Of Base : "All That She Wants" | Snow : "Informer"

À l'écoute : 
- King Missile : Detachable Penis
- Björk : Human Behaviour
- Catherine Wheel : Crank
- Band of Susans : Mood Swing
- Voodoo Queens : Supermodel Superficial
- The Smashing Pumpkins : Cherub Rock
- The Jesus and Mary Chain : Snakedriver
- Pain Teens : Tar Pit
- Seefeel : Plainsong
- Unwound : Lucky Acid
- Dog Faced Hermans : How We Connect
- Brainiac : Martian Dance Invasion
- GodheadSilo : Friendship Village


L'actu indé du moment

Toutes les trois semaines environ, un podcast d'une heure sur les meilleurs titres / groupes / disques du moment.

À suivre sur la page du webzine premo.fr, avec vous depuis 1989 !

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  • Lane (Love And Noise Experiment) : Sunday Night ("Where Things Were", 2023)
  • Bdrmm : Be Careful ("I Don't Know", 2023)
  • Ligne Rouge : Yeast ("Yeast", 2023)
  • Sprints : Adore Adore Adore ("Adore Adore Adore", 2023)
  • CIEL : So Scared ("So Scared", 2023)
  • Cherry Glazerr : Soft Like a Flower ("Soft Like a Flower", 2023)
  • Coach Party : All I Wanna Do Is Hate ("All I Wanna Do Is Hate", 2023)
  • Yard Act : The Trench Coat Museum ("The Trench Coat Museum", 2023)
  • cumgirl8 : cicciolina ("gothgirl1", 2023)
  • Chicks on Speed : Uploading the Human ("Uploading the Human", 2023)
  • Kimshies : Cortex Five Senses ("Blue Planet", 2023)
  • DITZ : Riverstone ("Riverstone", 2023)
  • Snooper : Fitness ("Super Snooper", 2023)



L'actu du rock indé en juillet 1988

À propos > 1985 > 1986 1987 > 1988 > 1989

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En juillet 1988, le mouvement gothique commence à battre sérieusement de l'aile. L'heure n'est plus aux humeurs noires mais à une nouvelle attitude et à une nouvelle musique, comme en témoigne le nouveau single de Siouxsie & The Banshees.

Actualité :
- Premier Ministre : Michel Rocard
- France : Loi contre la maltraitance des enfants.
- Monde : Le roi Hussein de Jordanie accepte que la Cisjordanie ne fasse plus partie de son royaume. Il cesse d’être le représentant des Palestiniens.
- Meilleures ventes de singles (en fond sonore !) : Début De Soirée : "Nuit de folie" | Sandy : "J'ai faim de toi" | David & Jonathan : "Est-ce que tu viens pour les vacances ?"

À l'écoute : 
- Siouxsie & The Banshees : Peek-A-Boo
- The Go-Betweens : Streets of Your Town
- The KLF : What Time Is Love? (Pure trance original)
- Underworld : Underneath The Radar
- A.R. Kane : The Madonna Is With Child
- Chrome : Ghost Town
- Sol Invictus : Angels Fall
- Psychic TV : Godstar
- Joy Division : Incubation
- Die Kreuzen : So Many Times
- Gorilla Biscuits : High Hopes


L'actu du rock indé en juillet 1983

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En juillet 1983, The Cure change de musique, de fans... et commence sa conquête de la planète.

Actualité :
- Premier Ministre : Pierre Mauroy
- France : Remise d'un rapport mettant en évidence l'impact du moteur diesel sur la santé humaine et notamment le cancer
- Monde : Guerre civile au Sri Lanka
- Meilleures ventes de singles (en fond sonore !) : Michael Jackson : "Beat it" | Kajagoogoo : "Too shy" | Toto Cutugno : "L'italiano"

À l'écoute : 
- The Cure : The Walk
- Strawberry Switchblade : Trees and Flowers
- Yazoo : Nobody's Diary
- Tom Tom Club : The Man With the 4-Way Hips
- Severed Heads : Dead Eyes Opened
- The Waterboys : A Girl Called Johnny
- Eyeless In Gaza : September Hills
- In The Nursery : A to I
- Bauhaus : She's in Parties
- The Cravats : I Am The Dreg
- Circle Jerks : Coup d'Etat
- Killing Joke : Let's All Go (to the Fire Dances)

Chronique de "I Inside the Old Year Dying" de PJ Harvey

Dans la critique de Télérama, journal pas forcément très orienté rock indé, l'album de PJ Harvey est classé dans la catégorie "variétés". C'est dire si la musique de la jeune féministe enragée et teigneuse du début des années 90 a évolué. Mais ce n'est pas péjoratif pour autant : les gens mûrissent (enfin la plupart), et les artistes comme les autres. Leur musique, quand elle est sincère et débarrassée du souci de plaire, fait de même.

C'est bien ici le cas avec Polly Jean, 53 ans, qui, plus elle vieillit, plus elle enrobe sa musique de silence, de dépouillement et de mysticisme. Il ne reste guère de ses débuts que sa noirceur profonde, qu'elle prenne la forme d'un cri de rage ou de l'angoisse de la mort. On apprécie l'artiste donc, mais sa musique, c'est plus compliqué.
On aimerait l'adorer, la chérir, s'extasier sur chaque nouveauté, mais force est de constater qu'on a tort de vouloir vivre avec le passé et que PJ Harvey ne reviendra jamais à la musique de ses premiers albums, qu'il s'agisse de blues-punk violent et rêche ou de folk indé vénéneux et douloureux.

Les deux derniers disques, qui datent déjà pas mal, avaient laissé un sentiment mitigé, et on s'ennuyait gentiment quand on ne grimaçait pas sur les passages à la harpe. Certains criaient au génie, d'autres, moins aptes à s'éloigner du rock au sens large (votre serviteur s'y inclut - et ce n'est pas péjoratif non plus, chacun son truc) appréciaient poliment puis passaient à autre chose et oubliaient.

Ce nouvel album ne change pas la donne, si ce n'est qu'il s'avère finalement plus agréable à écouter que ses prédécesseurs, avec ses morceaux étonnament courts, décharnés et sans fioritures désagréables ou limite prétentieuses. Et un petit côté Radiohead intéressant, avec ses ambiances sonores très expérimentales. Il s'en dégage surtout, et c'est là sa vraie force, un désespoir existentiel sans limites. Existentiel, précisons-le, sans quoi l'on pourrait croire à une certaine forme de tranquillité zen, les plaintes marquées n'étant pas l'apanage de la dame, qui est bien au-dessus de tout ça.

Un disque pas si mal donc, et même plutôt réussi, à écouter au casque, dans la nuit, quand on réfléchit au sens de la vie. En journée, par contre, on préférera un bon petit groupe de rock basique, plein de vie et -encore pour un moment au moins- d'espoir.

(chronique publiée également sur premo.fr)

L'actu du rock indé en juillet 1978

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En juillet 1978, les Talking Heads installent peu à peu leur légende, devenant le symbole d'un renouveau musical qui prouve que le mouvement punk peut aussi donner naissance à des musiques très originales, intelligentes et novatrices.

Actualité : 
- Premier Ministre : Raymond Barre
- France : Premier numéro de Récré A2, présentée par Dorothée
- Monde : Catastrophe de Los Alfaques en Espagne
- Meilleures ventes de singles (en fond sonore !) : Michel Sardou : "En chantant" | Boney M : "Rivers of Babylon" | Bee Gees : "Stayin' alive"

À l'écoute : 
- Les Lou's : No Escape
- Buzzcocks : Love You More
- The Rezillos : Top Of The Pops
- Sham 69 : If The Kids Are United
- The Jolt : All I Can Do
- X-Ray Spex : Identity
- The Boomtown Rats : Rat Trap
- Talking Heads : Take Me To The River
- Suicide : Cheree

Chronique de "Where Things Were", de LANE

La fureur salvatrice, dès le début de l'album, ne suffira pas. Elle ne suffira pas à retirer la tristesse de se dire que cette fois-ci, l'aventure LANE est belle et bien terminée. Qu'il n'y aura plus d'albums, que le souvenir des Thugs qui, quoiqu'on en dise et même si ce n'est pas sympa pour Étienne et Cam venus de Daria, apparait toujours en filigrane au travers de ces guitares saturées bourrées d'émotion et du chant si particulier d'Éric, reconnaissable entre mille ; que ce souvenir, donc, va peu à peu s'éloigner et rejoindre les grands noms de l'histoire du rock. Car oui, c'est une des page les plus brillantes du rock français qui se clôt : LANE n'existe plus, les frangins Sourice sont passés à autre chose, les frangins Belin sont revenus à Daria, le fils Sourice quant à lui débute une carrière prometteuse avec les merveilleux Fragile, dont nous avons chroniqué récemment le premier EP. Alors que dire de ces sessions studios, derniers enregistrements non finalisés (novembre 2021) mais dûment mastérisés pour ne pas être abandonnés et jetés aux oubliettes ? Eh bien, que non seulement elles nous offrent des morceaux tous parfaits, des plus lents et envoûtants aux plus enragés en passant par ces bulles d'émotions écorchées vives et bouleversantes, typiques du groupe ("Sunday Night", "Painted White", "Elliott Bay"), mais qu'en plus elles montrent que LANE n'a jamais vraiment eu besoin de produire ses albums : les sonorités brutes du studio de répétition, certes un peu plus basiques, rugueuses, notamment au niveau de la batterie, captées dans l'instant, font ressortir à merveille l'urgence, la sensibilité et l'émotion de la musique. Salut les gars, bonne chance dans vos nouveaux projets et surtout : merci, on ne vous oubliera pas.


(chronique également publiée sur premo.fr)