DIIV sur Canal+ ou Le rock à la télé : même en 2016, c'est pas gagné...

Au Grand Journal sur Canal+ hier soir, Une grande majorité de Franzose a pu voir Augustin Trapenard évoquer le nouvel album de DIIV en termes élogieux. Ceux qui aiment le groupe auront probablement murmuré comme moi un "ben ça alors" étonné.
En effet, DIIV, comme Savages ou Eagles of Death Metal (voir mes billets précédents), n'est pas le genre de groupe qu'on a l'habitude de voir "à la télé", entendons par "télé" des émissions grand public, diffusées à des heures de grande audience. Même sur Canal, qui sait pourtant parfois offrir de vraies belles surprises au public branchouillé.

Evoquer DIIV, c'était assez culotté quand même, car même si leur musique est (pour moi en tout cas) quelque chose de très abordable, ni dérangeant, ni agressif, ni obscur, on a bien senti sur le plateau une sorte d'incompréhension. Trapenard commence d'abord par dire "vous vous souvenez sûrement de ça" en passant une vidéo de l'album précédent, et manifestement ça ne disait rien à personne. Suit un extrait audio, sorte de bouillie sonore comme Canal a le chic pour le faire (leurs directs ont souvent un son épouvantable), suivie d'acquiescements polis d'un public et d'invités qui ne savaient manifestement pas de quoi il s'agissait.

Puis Trapenard lit son papier, expliquant les origines de la musique de DIIV. Hormis les déboires du groupes (drogue, etc), il la définit comme influencée par Nirvana, puis l'assimile à Sonic Youth. Mais si tout le monde connaît Nirvana (et encore, hormis "Unplugged in New-York" et le single "Smells like Teen Spirit", je doute que "Bleach", le premier album, ait un écho aussi fort), qui connaît vraiment Sonic Youth ? Le nom dit peut-être quelque chose à votre voisin, mais la musique, j'aimerais bien obtenir quelques statistiques à ce sujet, même chez les gens dit "branchés".

Donc Trapenard nous définit DIIV comme ça, ce qui est une hérésie absolue, hormis le fait que les guitares soient électriques et qu'il y a des larsens. Aucune violence dans DIIV contrairement aux deux groupes précités, on est nettement plus proches de The Cure, et notre ami journaliste aurait mieux fait de parler d'un courant musical éphémère mais solide, avec un revival très actif aujourd'hui, ayant pour hérauts My Bloody Valentine, par exemple : le mouvement shoegaze. Il termine en disant qu'ils écoutent ça en boucle dans leur équipe, ce qui fait plaisir mais dont tout le monde se fout.
Bref, pas de DIIV sur scène non plus (déception de votre dserviteur), juste ce passage surréaliste de 2 minutes).

Même topo pour Savages, mais je ne vais pas revenir là-dessus. Quant à Eagles of Death Metal, on a bien senti après les attentats que tous les médias grand public étaient profondément soulagés que leur musique soit audible et qu'il ne s'agisse pas de death metal. Imaginez l'embarras de Pujadas, obligé d'évoquer la musique de Eagles of Death Metal au 20 heures s'il s'était agi de quelque chose de beaucoup moins abordable ? Le lendemain, au Bataclan, il aurait dû y avoir les Deftones, c'était déjà nettement moins médiatique, nul doute que les choses auraient été abordées autrement.

Chino, des Deftones
En 2016, le rock a 60 ans, le rock "alternatif" en a 40, mais force est de constater qu'il ne touche toujours qu'une frange réduite de la population, et que les quelques rares qui essaient de le défendre sont loin de savoir convaincre le public de la ménagère de moins de 50 ans.
Concernant DIIV, on se doute que quelqu'un chez Canal a réussi à persuader ce malheureux Trapenard d'en parler, peut-être par copinage avec des gens des Inrocks ou de Télérama (on sait qu'il y a chez eux des gens très branchés et très au courant), ou parce que Canal a des billes dans la distribution de l'album, bref va savoir.

Pour ceux qui ne connaissent pas DIIV, petit groupe shoegaze dont le premier album était en effet très réussi et le second encore plus que le premier, votre serviteur l'écoutant sans arrêt (pour une fois que je suis d'accord avec les Inrocks)  depuis un mois, il s'agit d'une musique qui met l'accent sur des guitares à la fois vaporeuses et électriques (le larsen servant à créer l'ambiance), une basse chantante, très Cure, des mélodies douces-amères, beaucoup de spleen et du désespoir à tous les étages, sans délaisser un côté énergique grâce à une rythmique nerveuse qui crée une certaine tension chez l'auditeur (on tape du pied, on ne s'endort pas).

Un groupe shoegaze, quoi ! On disait noisy-pop en 1991, peu importe le terme mais c'est un genre vraiment à part et reconnaissable entre mille, qui a eu son heure de gloire avec My Bloody Valentine, Ride, Lush, Swervedriver, Chapterhouse, Pale Saints à l'aube des nineties, et qui a de nouveau le vent en poupe depuis une dizaine d'années avec plein de groupes reprenant les schémas de cette musique (Ringo Deathstarr, Cheatahs, Deerhunter, No Joy, The Pains of Being Pure at Heart, Pinkshinyultrablast...), certains plus éthérés que d'autres, d'autres très énervés, bref il y a toutes sortes de genres. Shoegaze pourrait se traduire par "regarder ses chaussures", caractéristique répandue chez les groupes jouant cette musique, de  grands échalas timides et mal dans leur peau, n'osant pas regarder le public en face, renfermés sur eux-mêmes et leur musique.

> l'extrait du Grand Journal à voir ici

Et toi, ami lecteur, dis-moi, es-tu un shoegazeux ? Connais-tu DIIV et souhaites-tu en savoir plus sur ce beau mouvement shoegaze ?


Vinyl, épisode 1 : une nouvelle série vraiment rock'n'roll ?


La série était très attendue, et avant même que quiconque ait pu voir le pilote, les avis étaient déjà dithyrambiques. Il faut dire que "Vinyl" (en français, on écrit "vinyle", la réforme de l'orthographe serait-elle passée par là où s'est on-dit qu'il était inutile d'adapter le titre ?) a de quoi séduire : une immersion dans le New-York de 1973, dans le monde interlope du rock et des charognards qui tournent autour (l'industrie du disque, celle qu'adore Pascal Nègre, alors que nous on n'aime vraiment pas Pascal Nègre), au croisement de deux époques : la fin du glam-rock et les débuts du punk, le tout scénarisé par, excusez du peu, Martin Scorsese.

Donc, ça valait le coup d'en parler, même s'il ne s'agit que d'un premier épisode (de près de deux heures et qui pourrait -presque- s'arrêter là, comme un vrai bon long-métrage).

Je tiens d'abord à rappeler aux aimables lecteurs de ma prose qu'en 1973, je jouais encore aux playmobil (enfin aux playbig, à l'époque), et que je me foutais pas mal du rock. Je suis quinquado, pas septantado, hein, donc mon avis ne sera sûrement pas le plus pertinent sur cette époque que je n'ai connue que dix ans plus tard, même si je me suis beaucoup documenté dessus.

Cet épisode, très touffu, évoque plusieurs choses au travers du héros Richie Finestra (excellent Bobby Cannavale, qu'on avait kiffé en mafieux impitoyable et fou à lier dans la géniale série Boardwalk Empire), producteur au bord de la ruine, obligé de flirter avec des tarés pour sauver sa maison de disques.
A travers les regrets de son passé, on assiste au cynisme raciste de l'industrie du disque des années soixante qui méprisait ses artistes pour en faire des objets de profit. Au présent (en 1973), on prend conscience de l'arrivée de "quelque chose", par l'enthousiasme underground pour une nouvelle forme de musique (le proto-punk des New-York Dolls) en train de balayer le hard-rock institué de gens comme Led Zeppelin, et déjà aux prémisses du punk nihiliste via Suicide (juste évoqué, mais ils n'avaient pas de guitares) et le seul groupe fictif de l'histoire, les Nasty Bits. Enfin, Scorsese n'a pas pu s'empêcher de glisser là-dedans son goût pour la mafia et le meurtre, on est d'ailleurs assez surpris qu'il y en ait un (au cours d'une scène hilarante, entre nous), ce qui n'était pas vraiment nécessaire.

Les commentaires que j'aie déjà pu lire à droite à gauche (sur des sites américains) me laissent dubitatif car je m'attendais à un franc enthousiasme, or bon nombre de gens s'offusquent, et en gros disent tous : "c'était pas comme ça à l'époque". Ah, je vois, des puristes ! Il y en aura toujours, mais ce n'est pas le propos.
Certes, une émeute dans les rues pour se rendre au concert des New-York Dolls est très exagéré, certes le nihilisme de Nasty Bits arrive un peu trop en avance, certes les mecs des maisons de disques sont vraiment tous trop cinglés, certes le meurtre au milieu est de trop... mais on s'en fout un peu, non ? Ce n'est pas un documentaire, c'est de la fiction, et dans la fiction tout est raccourci, enjolivé (ou sali), bref on est dans l'entertainment, et force est de constater qu'on est entertainé à donf et qu'on prend vraiment son pied.
On rit beaucoup, on tremble avec eux, mais surtout la grande réussite vient de ce qu'on ressent fortement l'élan libérateur du rock le plus extrême (pour l'époque, depuis on fait bien pire bien sûr, mais la "pureté" de l'époque a rarement été atteinte depuis), et même d'autres formes de musique comme le blues ou la soul. Car Vinyl ne néglige aucune forme de musique, et même si son propos met en avant l'arrivée du punk, celui-ci reste finalement très marginal dans la BO, au profit d'autres musiques plus classiques et toujours d'une grande qualité.

Le résultat : je me lève ce matin, et j'ai une féroce envie de réécouter les New-York Dolls, le MC5, les Stooges, Television ou Patti Smith, sans oublier ceux qu'on oublie régulièrement comme les Dictators, les Electric Eels, Death ou Rocket From The Tombs (ces derniers ayant donné plus tard Pere Ubu, et vous savez quoi, ils viennent de se reformer pour un album génial, si si, tout comme Death, d'ailleurs !)

Alors si vous aimez un tant soit peu le rock qui saigne et qui crache, au sens large (pas Toto ni Dire Straits et encore moins Johnny Halliday), plongez dans Vinyl, et tant pis pour les grincheux qui pensent que la réalité a été embellie.


Le trailer

Et les vrais :



Les Stooges (avec Iggy Pop au chant, of course)




MC5



Electric Eels



Death, le seul (?) groupe proto-punk Noir



Dictators



New-York Dolls (managés par un certain Malcolm Mc Laren,
qui s'occupera plus tard des Sex Pistols !)

Qui veut donner son petit avis sur Eagles of Death Metal ?

C'était prévisible : après les attentats de Charlie Hebdo et la marche du 11 janvier (j'avais un joli panneau "amourt aux cons", vous m'avez vu ?), on pouvait s'attendre à ce que la belle union se disloque assez vite, Charlie Hebdo n'étant pas ce que l'on puisse appeler un journal qui fait le consensus et l'unanimité (perso, je suis fan).
Mais après les attentats du Bataclan, il paraissait difficile d'imaginer que le même phénomène se reproduise. En effet, hormis quelques demeurés ultra-cathos voyant Satan partout et notamment dans Eagles of Death Metal, le reste du monde ne pouvait que compatir.
Mais non.
Depuis quelques jours, à cause d'une interview de iTélé, diffusée sur YouTube et partagée à qui mieux mieux un peu partout à l'occasion du retour de EODM à l'Olympia, les choses ont vite tourné à l'aigre.

Ce qui a fait réagir les gens, c'est que Jessie Hugues, le chanteur, a déclaré plein de conneries et c'est normal, c'est un ultra-chrétien, anti-avortement, défenseur du port d'armes, j'en passe et des meilleures, tout ce qu'on abhorre chez l'Américain moyen, des choses nauséabondes et d'une stupidité absolues relayées par Trump et les autres abrutis.
Alors forcément, quand c'est le chanteur de EODM qui dit ça, ça surprend.

Je fais ici une petite parenthèse : je n'étais pas au Bataclan, mais j'y avais de la famille proche, quelqu'un que je connais depuis mon enfance, ma cousine. Et si cette jeune femme n'y a pas laissé sa vie, elle a quand même passé 4 heures cloîtrée dans une petite pièce à se dire qu'elle allait crever d'une minute à l'autre. Je n'ose même pas imaginer comment on ressort d'une telle épreuve, toujours est-il qu'il lui a fallu trois mois avant de pouvoir retourner à son travail, ce qui laisse présager quand même, quelques séquelles. Mardi soir, elle a réussi à retourner voir EODM, et elle a vécu l'un de ses meilleurs concerts. La parenthèse est terminée.

Donc, suite à cette petite vidéo d'iTélé, il s'est passé ce qui se passe tout le temps sur Facebook ou ailleurs : chacun y va de son petit avis, et les plus tranchés viennent comme de bien entendu de gens qui n'étaient pas au Bataclan, qui ne connaissent absolument pas EODM, qui n'écoutent d'ailleurs pas du tout de rock et qui n'ont pas la moindre idée de l'état d'esprit des gens qui écoutent ce genre de musique. Ce ne serait pas trop grave s'il n'y avait pas eu des morts, mais il y en a eu, faut-il le rappeler : 130, et 350 blessés, dans un carnage qu'on mettra longtemps à oublier.

J'ai été profondément blessé par les paroles d'un abruti qui, pour faire le malin, a cru bon d'exposer sa prose, expliquant doctement que EODM avait eu une attitude merdique lors de son retour à l'Olympia. En gros, ce qu'on comprend (voir ci-dessous), c'est qu'il accuse EODM de profiter de la situation, de mépriser son public en lui faisant croire qu'il compatit et qu'il les aime. Il a même le culot d'étayer ses arguments en affirmant que les gars de EODM n'avait pas été touchés par l'attentat car "ils s'étaient barrés" dès le début, écartant le fait que l'un des membres de leur staff, le vendeur de T-shirt, a été abattu, et que Jessie Hugues lui-même s'était retrouvé face à face avec un terroriste qui lui avait tiré dessus, en le manquant heureusement. Un peu plus loin, il se demande à quoi ressemble la musique de EODM, expliquant sans le moindre fondement, tenez-vous bien :  "j'ai eu l'impression d'un rock grobeaufesque bien abruti". Juste à cause de son look, probablement, et de son discours, évidemment. En tout cas voilà quelqu'un qui n'a jamais dû écouter de rock de sa vie, ni jamais comprendre l'esprit de cette musique.


Ce type n'est pas le seul à avoir écrit des choses aussi ignobles. D'autres bons citoyens bien propres sur eux ont fait pareil et bien pire, mais ne pensent-ils pas, une seule seconde, aux victimes ? Les victimes aimaient EODM, elles les aimaient même beaucoup puisqu'elles sont allées à leur concert. En crachant sur Jessie Hugues, ces gens crachent aussi sur les victimes du Bataclan, en les assimilant au groupe (enfin, non au chanteur, le groupe on ne sait pas ce qu'il pense), et donc, l'air de rien, en insinuant que le public est composé de gens douteux puisqu'ils tolèrent et approuvent la musique d'un type comme Jessie Hugues. En résumé, c'est un peu comme s'il traitait ma cousine soit de connasse sans cervelle (ne sait-elle pas qui elle écoute ?) soit, pire, de réac malsaine aux opinions louches (si elle sait ce que pense Jessie Hugues, elle adhère forcément).
On n'est vraiment pas loin du "après tout ils l'ont bien cherché", un peu comme pour les gars de Charlie Hebdo. Fallait pas qu'ils critiquent la religion, pas vrai ?

Mais voilà, Jessie Hugues n'est pas pas un politicien, il ne fait pas de prosélytisme, ni dans la vie ni dans ses chansons, c'est juste un rockeur et un vrai (comme il y en a de moins en moins, un vrai barge). Et on s'en tape, de ce qu'il pense, car ce qui est important c'est sa musique, et imaginer une seule seconde qu'il n'a pas souffert comme les autres à cause de ses idées, ou qu'il cherche à les imposer aujourd'hui, dénote de la plus parfaite abjection.

C'est certes très à la mode de détester son voisin dès qu'il a une idée différente de lui, et la preuve s'affiche tous les jours partout sur Facebook ou Twitter. Et le dénigrement de tout et de tout le monde est une occasion en or pour se faire mousser, alors on peut l'utiliser de différentes façons : pour de "bonnes idée bien saines", pour l'écologie, pour le vrai socialisme, pour le vrai révolté, pour la France qui gagne, pour la manif pour Tous, pour l'hymne à Nicolas Sarkozy, pour tout et n'importe quoi, de droite, de gauche, du centre, des extrêmes.
Car ce qui ne plaît pas à tous ces gens, au fond, c'est que Jessie Hugues puisse vraiment aimer son public, qu'il se sente vraiment "Français pour toujours", qu'il fasse un coeur avec ses doigts et qu'il se mette à pleurer devant les caméras.
Ces gens sont vides d'émotions et d'humanité, ils sont les produits décérébrés de notre époque, incapables d'empathie, de vie et d'amour.

Alors voilà, je voulais utiliser ce blog comme un droit de réponse à cette misère intellectuelle beaucoup trop répandue, et je conclus en disant que j'aime Eagles of Death Metal (depuis des années d'ailleurs), et que j'aime l'attitude de Jessie Hugues, même s'il a des idées vraiment nazes.
Je les aime, et j'emmerde les connards bilieux et aigris qui, eux, n'aiment plus rien, sans doute parce qu'ils ne s'aiment pas eux-mêmes.

Fargo (saison 2) / Ash Vs Evil Dead (saison 1) : Humour noir... et sanglant

Ces deux petites séries ont égayé mes dernières semaines, et si vous aimez, vous aussi, rire devant des flots d'hémoglobine et de violence, vous serez servi. Fargo, pour commencer, mais est-il vraiment nécessaire de la présenter.


Film culte des frères Coen sorti en 1996, Fargo décrit une série de meurtres épouvantables mêlant assassins impitoyables et braves gens pris dans un engrenage infernal. L'action se situe dans la petite ville du même nom, dans le Dakota du Nord, en pleine Amérique profonde, celle qui fait peur de par chez nous à cause du niveau intellectuel que l'on imagine aisément. A Fargo, il n'y a rien à faire, surtout en hiver quand une chappe de glace tombe sur la ville pour y surgeler tout ce qui y vit. Quoi de mieux que l'Amérique des ploucs pour y dérouler un scénario complètement barré avec des personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres ?

Le film a tellement marqué les esprits qu'il a été décliné en série télé en 2014, avec pour postulat un remake du long métrage. Remake ? Pas vraiment, en fait, mais plutôt même thématique : des bouseux, braves gens un peu crétins, se retrouvent mêlés à des règlements de comptes entre deux bande d'assassins encore plus abrutis qu'eux, chacun voulant faire la peau à tout le monde. Il y a donc des tueurs d'un cynisme absolu, souvent très polis et bien élevés, avec de petites manies, il y a des flics tout aussi neuneus et excessivement propres sur eux, héroïques, justes et gentils, et il y a bien sûr les héros (un agent d'assurances dans la saison 1, un couple, lui boucher, elle un peu timbrée, dans la saison 2 - Jesse Plemons qu'on a déjà vu dans Breaking Bad en... tueur froid, et Kirsten Dunst, parfaite en nunuche déconnectée). Et il y a aussi les personnages secondaires, qui ne sont pas en reste dans la satyre et le n'importe quoi (un avocat qui pleure, une épouse ayant un cancer toujours optimiste et souriante, une employée de boucherie qui lit Camus et se pose des questions sur le sens de la vie...)

Trailer (en anglais) de la saison 2, il faut bien évidemment
la regarder en VO sous-titrée, c'est mieux


Prenez les personnages et l'intrigue, mélangez et secouez tout ça, et vous obtenez un chef d'oeuvre d'humour noir, le tout filmé et scénarisé à merveille. Evidemment, c'est extrêmement violent, mais pas morbide ni complaisant : au contraire, c'est tout le temps hilarant. Regarder Fargo, c'est faire réveiller le sadique qui sommeille au fond de soi : on sait que plein de gens vont mourir de façon atroce, mais on ne sait ni quand ni, surtout, comment. Et on sait aussi que le héros va glisser peu à peu dans la bestialité, et que le gentil flic va gagner, car il est gentil.

Tout cela reste totalement amoral, absolument pas réaliste, mais chaque épisode procure sa petite dose de jouissance et de plaisir coupable. Et malgré la similitude des histoires et des lieux, peu importe, les épisodes sont parfaits et on ne se lasse jamais, pas une seconde. La saison 1 se déroulait en 2006, la saison 2 se déroule en 1979, avec un petit côté suranné parfaitement maîtrisé jusque dans les moindres détails, y compris sur la bande-son, toujours parfaite.





Ash Vs Evil Dead n'a rien à voir avec Fargo, et pourtant cette mini-série de 10 épisodes s'en rapproche beaucoup par de nombreux aspects. Ici, pas de tueurs cyniques, non, juste des esprits et des démons malencontreusement réveillés, c'est ballot.
Mais revenons aux origines : Evil Dead, fameux film culte sorti en 1984, avec plusieurs suites, inventait le genre gore et lui donnait ses lettres de noblesse en permettant qu'on le voit au cinéma. Du gore certes, mais pas pour faire peur, juste pour faire rigoler, et détourner de temps en temps la tête en grimaçant d'un "beurk c'est dégueu" (comme dans Fargo, d'ailleurs).

L'histoire était très simple : une bande de jeunes bien sous tout rapport découvrait le "livre des morts", et devinez quoi, ces andouilles les réveillaient. Le film se déroulait dans une cabane de trappeur, au beau milieu de la forêt, c'était moins cher pour le tournage probablement, et tout s'y déroulait presque en huis clos. Tous les clichés du gore y passent : têtes et membres arrachés, entrailles dégoulinantes, grands jets de sang, sans répit et jusqu'à l'overdose. Ash Vs Evil Dead n'est autre que l'histoire du seul rescapé du film originel, Ash, qui souhaite se débarrasser du livre qu'il a gardé pendant 30 ans. Et oui, Ash a dépassé les 50 balais, il est vieux, il a de l'embonpoint, et surtout il est d'une drôlerie absolue par ses remarques crétines et sa fausse assurance de winner, sans parler de la tronçonneuse qu'il s'est greffé au poignet (il lui manque une main qu'il a perdue dans le film d'origine).

Trailer (en anglais) de la saison 2, il faut bien évidemment
la regarder en VO sous-titrée, c'est mieux
(ah tiens c'est bizarre je me répète)


Avec lui, un métis avec une coupe absolument ridicule et une bimbo aux formes de bimbo, chacun leur tour devenant possédés par un démon (pardon, je vous ai spoilés) comme de très nombreux autres personnages de la série, le tout pour un road-movie débile qui se finit dans la cabane des origines. A prendre au 30ème degré donc pour bien se marrer, et éprouver là aussi un plaisir régressif potache très bien mené. On goûte ici aussi son vautrage de canapé (avec des pop-corns et une bière, si vous pouvez, c'est mieux) sans jamais s'ennuyer. Et puis les épisodes ne font qu'une demi-heure, on peut regarder ça en douce quand le reste de la famille est occupé à des choses plus sérieuses.

J'ai failli oublier : un autre point commun entre les deux séries, cest la présence de Bruce Campbell (Ash) qui joue le (petit) rôle de Ronald Reagan dans Fargo : un délice.

Réforme de l'orthographe : la vérité enfin révélée

Ne vous fiez pas à mon titre, c'était juste pour être bien référencé sur Google. En fait je ne voulais rien dire là-dessus (c'est le miracle Facebookrézosocio : tout le monde a son opinion, et tout le monde la donne, n'importe comment bien souvent), mais quelques arguments des défenseurs de ladite réforme revenant en boucle me hérissent le poil (que je n'ai plus très dru mais c'est une autre histoire).

Je voulais donc m'exprimer sur les deux sources principales de mon agacement :

- l'argument "la réforme de l'orthographe a déjà eu lieu au XIXe siècle et ça n'a gêné personne" : tiens donc, la belle affaire ! Cela prouve une grande méconnaissance de notre histoire. Ce qu'on oublie de dire, c'est que réformer l'orthographe en 1800, 1850 ou même en 1900 n'était pas une réforme, c'était une fixation de termes que personne ne savait utiliser comme il le faut. Parce que d'un côté, il y avait le monde des lettrés, pourcentage infime de la population, et de l'autre, tout le reste du peuple, qui écrivait plus ou moins phonétiquement (rappelons par exemple que les noms de famille ne sont figés que depuis l'apparition du livret de famille, à la fin du XIXe siècle, et que l'école obligatoire date de Jules Ferry, en 1887, mais aussi et surtout qu'en 1850 seul un français sur deux sait signer son nom, c'est-à-dire écrire, alors l'orthographe...).

Ce n'était donc pas une réforme, mais une nécessité, car il fallait bien décider quels termes on allait conserver. Alors on a gardé ceux qui étaient venus naturellement sous la plume des rares lettrés, modifiés par le temps qui passait sans que personne ne décide quoique ce soit : on constatait qu'un mot s'écrivait d'une certaine façon depuis des décennies, et on l'adoptait. Voilà la fameuse réforme, qui n'a rien à voir avec celle de 1990 qui a été décidée sur quelles bases, on se demande... et même si je ne suis pas prof, je n'ai jamais vu de ma vie quelqu'un écrire "parechoc" ou "ognon" ("onion", à la limite). Cette réforme était juste de la branlette pour se dire qu'il fallait simplifier un truc que personne ne remettait en cause, un peu comme quand on veut absolument améliorer quelque chose qui marche très bien, juste pour le fait de l'améliorer : la plupart du temps, c'est un échec et on fait machine-arrière.

Un acte de naissance en 1812 : il est indiqué à la fin le terme en usage partout :
"les susnommés ont dit ne savoir signer, de ce interpellé après lecture faite"


- on veut appliquer une réforme élaborée il y a 25 ans. 25 ans, putain, un quart de siècle ! Si on élude en premier lieu le fait que tout le monde s'en tape, de cette réforme, à un moment où on ferait mieux de se soucier de savoir comment éradiquer le terrorisme, et le fait que ce buzz subit n'en est pas un (on en viendrait même à adopter la théorie du complot : quelqu'un en haut lieu aurait intérêt à divertir le bon peuple avec des événements futiles, telle la réforme de l'orthographe), on peut se demander si la première chose à faire ne serait pas de revoir notre copie et si ce qui a été décidé en 1990 est toujours aussi pertinent en 2016.
Faut-il rappeler qu'entre-temps, internet et les smartphones sont passés par là ? En 1990, les SMS n'existaient pas, internet ne diffusait pas à vitesse grand V les fautes de grammaire, d'accord, de syntaxe, bien plus graves que les erreurs d'accents circonflexes oubliés, et rares étaient ceux qui savaient utiliser un clavier aussi bien qu'aujourd'hui (avez-vous essayé d'écrire toute une page à la main ? les doigts s'ankylosent, on n'y arrive plus, en 1990 c'était le contraire). Bref le niveau général a changé, on est de plus en plus illettrés (lire cet article édifiant sur la question), et ce qu'il faudrait corriger n'est pas forcément ce qui devrait l'être...

La diffusion de l'information sur Internet étant telle que personne n'ira approfondir les vraies modalités de la réforme mais juste retenir qu'il n'y a plus d'accent circonflexe ou qu'on vire les voyelles muettes, les traits d'union, patin coufin, les profs vont se retrouver avec des mots des parents qui contesteront les devoirs de leurs enfants mal notés par des "monsieur le professeur vous avez conter 1 point en moins a ma fille mais il y a eut la réforme et maintenant sait plus comme sa qu'on écris". A charge aux profs d'expliquer que oui, mais non, pas dans ce cas précis. Il faudra donc une bonne dizaine d'année, si ce n'est plus, aux profs pour enseigner à toute une génération d'élèves la nouvelle façon d'écrire, sans compter que tout le monde mélangera tout, entre la vieille école et la nouvelle... plus, c'est inédit par rapport aux réformes du XIXe siècle, une bonne part des profs qui refuseront tout simplement d'appliquer ladite réforme.



Je termine en disant que si je suis bien d'accord pour dire qu'une langue évolue, le meilleur moyen de constater on évolution est dans un premier temps d'autoriser dans le dictionnaire deux orthographes différentes (comme "événement" ou "évènement") pendant un certain temps, jusqu'au moment où on constate qu'il n'en reste plus qu'une seule forme et qu'on peut alors ne conserver qu'une seule orthographe dans le dictionnaire. Cela s'appelle l'évolution en douceur, en respect avec les usages et les habitudes, pas une réforme au coupe-coupe en tranchant dans le vif, ce qui ne peut qu'engendrer un fort effet de rejet ou d'incompréhension. L'évolution naturelle permet aujourd'hui de lire un livre écrit en 1800 sans rester interloqué devant ce qu'on lit, en comprenant que les choses ont évolué parce qu'elles se sont gravées peu à peu dans notre inconscient. Quant on tranche à la machette, on risque de rendre subitement obsolètes des textes écrits il y a dix ans et susciter des crissements de dents et des gémissements de douleur à la moindre lecture, que l'on soit défenseur de la réforme ou adepte de l'ancienne méthode.

Bref, à notre merveilleuse époque de bas-du-frontisme généralisé (je viens d'inventer le mot, on pourrait l'ajouter au dictionnaire non ?), où toute décision semble prise sans le moindre recul, je crois que la première réponse à cette réforme serait, avant de l'abandonner ou de l'adopter, tout simplement de se replonger dedans pour la valider ou l'invalider, car enfin, si on a attendu 25 ans pour d'un seul coup se réveiller en se disant "ah mais y'avait une réforme, on l'avait oubliée, ah ben si on la remettait en place", c'est dans doute parce qu'elle n'était pas si bonne que ça, non ?!

Ou alors, si nos élites sont trop effrayées par le niveau général culturel du citoyen moyen de 2016, plutôt que de massacrer des mots que personne n'a jamais écrits de la façon dont on voudrait qu'ils le soient (hormis quelles exceptions, je suis bien d'accord), j'ai une solution : on n'a qu'à tous parler anglais, et basta.

To be or not to be... filmé par M6


Je me suis demandé si j'allais en parler ici, mais après tout c'est directement lié à ce blog.
Voici, amis lecteurs, un exemple parfait du pouvoir de l'Internet. Lorsque j'ai créé ce blog il y a à peine un mois, je n'imaginais pas avoir des lecteurs, et d'ailleurs je ne pense pas en avoir (ce qui fait que j'ai vraiment l'air d'un con à écrire ça si je l'écris pour moi tout seul).
Mais voilà qu'après seulement deux notes, une jeune femme du Nouvel Observateur prend contact avec moi parce qu'elle souhaite réaliser un papier sur les "quinquados". Poliment, je lui réponds que je suis prêt à lui faire découvrir ce monde mystérieux des quinquados (dont tout le monde se fout, moi le premier, et qui d'ailleurs n'existe pas hormis en tant que phénomène médiatique, petit buzz journalistiquement journalistique qui fera pschiiit aussi vite qu'une bouteille de Coca restée au frigo 2 jours).
Mais ladite demoiselle étant fortement mal éduquée, elle stoppa net tout contact, sans explications, elle avait dû se dire que j'étais vieux, en fait.

photo utilisée sur un article canadien (merdalors, c'est mondial !)
pour démontrer à quel point les quinquados ils sont trop cools, t'vois


Rebelote la semaine dernière, cette fois-ci c'est un jeune homme qui me contacte via Facebook en s'excusant de me déranger, car il bosse pour M6 et souhaiterait me poser deux, trois questions sur ce mystérieux ET fascinant monde des quinquados, rhoooh, quinquados c'est des vieux qui sont restés jeunes, ça alors.
J'obtempère gentiment, puis quelques jours après c'est sa chef, charmante au demeurant, avec qui je discute un petit moment par téléphone et qui me pose des questions limites indiscrètes, ô la coquine.

Je suis un mec sympa, franc, ouvert, curieux (trop naïf et trop bon trop con aussi), donc j'ai répondu avec sincérité jusqu'à réaliser que M6, c'est la télé (ce qui prouve que je suis un peu con pour pas avoir tilté tout de suite, sans doute vilement flatté dans mon ego), et que la télé, ça se diffuse non seulement dans tous les foyers de France, mais aussi en petits bouts sur YouTube, et que ça peut même être repris au Zapping ou va savoir où, et rester en ligne longtemps, très très longtemps.

Donc, moi qui passe mon temps à faire en sorte qu'aucune photo de moi ne soit indexée dans Google Images, je me vois mal, subitement, passer en prime time dans "66 minutes". Avec plusieurs options : avoir l'air d'un con pas spontané pour deux sous, content d'avoir dit des trucs bien qui seront coupés au montage au profit de trucs sans intérêt, tourné en ridicule ou ayant l'air d'un type super-cool (les deux options sont possibles, mais personne ne sait à l'avance ce que ça va donner), qui plus est chez moi...
Je ne doute pas de la sincérité de la charmante (bis) personne que j'ai eu au téléphone, mais un peu quand même du produit fini, et encore plus de M6, la petite chaîne qui est montée montée et qui a ensuite pondu "Cauchemar chez le coiffeur", "le meilleur pâtissier", "la France a un incroyable talent", toutes ces émissions animalières mettant en scène de nombreux singes, ou top du top, "The Apprentice - qui décrochera le job" qui représente tout ce que j'exècre dans le capitalisme et le libéralisme tourné à la rigolade avec d'immondes pourritures prêtes à s'imposer comme les derniers des arrivistes cyniques au QI d'huîtres... bref (si vous êtes arrivés à lire cette loooongue phrase sans respirer), là, disais-je, je doute quand même un peu.

Tout ça pour dire que j'ai refusé leur proposition de cobaye-quinquado malgré ma curiosité, et que je commence aussi à regretter d'avoir utilisé pour mon blog ce terme de quinquado à la con que je trouve ridicule, simplement par auto-dérision. Donc vous ne me verrez pas sur M6 mais je regarderai avec curiosité leur émission le jour où elle sera diffusée. On en reparlera, promis, si j'arrive à maintenir à flot ce blog dont tout le monde se fout.

La moralité, quand même parce qu'il y en a une, c'est qu'il suffit d'utiliser un terme suffisamment évocateur et rarissime sur son site web  pour arriver très vite en tête des résultats de recherche sur Google. Alors si vous voulez passer sur M6 et devenir célèbre, riche et admiré, créez une page, un blog, n'importe quoi avec "quinquado" dans le titre, on vous remarquera très vite.



Sprite, le manga qui réinvente le voyage dans le temps

Sprite est un seinen manga en 15 volumes (à 7,50 € le volume, ça fait donc 112,50 €, faut les sortir quand même) de Yūgo Ishikawa (un type encore plus vieux que moi, franchement à son âge dessiner des mangas, serait-il dont quinquado lui aussi ?) dont la diffusion vient de se terminer en France, peu avant Noël. Rien à voir avec la célèbre boisson, Sprite signifiant "lutin" ou "elfe", même s'il n'y a ni lutins ni elfes...

Le premier tome part très fort : dans le Japon d'aujourd'hui, 3 copines viennent apporter à l'oncle de l'une d'elles, reclu au sommet d'une tour de 40 étages depuis dix ans et qui passe son temps à jouer aux jeux-vidéos, quelques provisions.

Mais voilà-t'y-pas qu'un tsunami de pluie noire envahit toute la ville, la pluie se transformant en marée, et l'eau montant jusqu'à leur étage, soudain devenu le rez-de-chaussée de cet océan noir qui a envahi tout le paysage. Ambiance.
C'est le début, très accrocheur, d'une série de voyages dans le temps, car cette eau noire n'est autre que le temps qui passe et que quelques privilégiés (ou malheureux) ont le privilège de voir, et donc de fuir.
Lorsque l'eau noire disparaît, le temps a changé et l'époque aussi, sauf l'immeuble et ses habitants. Les jeunes filles, l'oncle, les autres habitants de l'étage deviennent donc des fuyards du temps, ainsi que de mystérieux enfants réfugiés sur le toit qui le fuient, eux, depuis des siècles.

Comme dans tous les bons mangas, on part d'une histoire abracadabrante pour étudier chaque personnage au plus profond de son caractère, ce qui donne lieu à de vrais échanges humains, avec leurs bons et mauvais côtés, sans pour autant abandonner une intrigue toujours pleine de rebondissements, de questions sans réponses, lesdites réponses étant distillées au compte-goutte au fur et à mesure de l'avancée dans l'histoire.

On sent que l'auteur s'est fait plaisir avec ce qui le fascine (attention, spoiler) : l'époque du japon médiéval, avec ses terribles samouraïs, la seconde guerre mondiale avec les destructions massives des bombardements américains, et un futur apocalyptique ou règnent des tribus d'enfants sauvages et de cafards géants invincibles. On accroche facilement à l'intrigue et aux personnages, et même si l'action retombe un peu selon les tomes, on ne boude pas son plaisir.





L'Histoire du Japon côtoie donc ici sans problème la science-fiction, avec une petite dose d'horreur (on a quelques têtes qui volent, miam), pas mal d'action et de suspense, de la violence sans tomber dans le gore gratuit, le tout avec un dessin agréable et des personnages bien campés. Pas trop de petites culottes non plus, même s'il y a les inévitables écolières en tenue d'écolière (et une ou deux fois carrément des filles toutes nues, rhaaah)...
A ce propos, ce phénomène du mangaka qui même sur un thème très éloigné du sexe ou des bluettes amoureuses ne peut pas s'empêcher de dessiner des petites culottes, nécessiterait une véritable étude socio-psychologique. Il y a aussi, quand même, un petit chien, parce qu'un manga sans petit animal, c'est comme un Valls sans état d'urgence ou un Sarkozy sans "casse-toi pauv' con" : impensable. Mais ça reste limité, heureusement, on est quand même dans un seinen, c'est-à-dire un manga réservé aux garçons de 15-30 ans (il n'existe pas de terme pour les quinquados, c'est ballot).

A lire d'une traite, c'est mieux (ça vous prendra quand même quelques longues heures), car comme dans toutes ces séries qui s'étalent sur plusieurs années, on est quasiment obligé de relire les tomes précédents chaque fois qu'en paraît un nouveau, vu qu'on a oublié pas mal de détails de l'intrigue, souvent importants.


Sprite est diffusé chez Kazé Editions, on le trouve partout et facilement, y compris en version ebook.

Polysics, du bruit nippon ni mauvais pour vous réveiller

Dans une société policée aux bons sentiments dégoulinants, aux doctes donneurs de leçons qui passent à la télé pour vous apprendre quoi dire et quoi penser la main sur le coeur, à une époque où l'humour au second degré (ne parlons pas des degrés supérieurs) disparaît devant le politiquement correct, on a parfois (souvent) envie de hurler très fort. Pas vrai ? (si vous pensez que la réponse est non, je me demande bien quel âge vous avez et surtout ce que vous foutez sur ce blog).

Alors quoi de mieux que quelques guitares électriques bien énervées, surtout quand on y ajoute des synthés qui jouent 15 notes à la seconde, une rythmique dont le nombre de BPM est trop rapide pour les compter, une grosse basse au son hénaurme comme je les adore et un malade qui crie comme s'il était mordu aux roubignolles par un chien enragé ?

Ce genre de groupe existe, je m'en vais vous le présenter, il se nomme POLYSICS, et il me fait un bien fou, oui, il me déstresse, il me calme, il me donne la positive attitude, comme le chantait notre grande artiste Lorie (à moins que ce soit Lara Fabian ou Michelle Sardoute, je ne sais plus).

Présentation : les Polysics sont Japonais, ce qui explique sans doute leur folie ultime, le Japon est décidément un pays fascinant habité par la fine fleur de la clientèle psychiatrique moderne.
Depuis plus de 15 ans, leur "punk technicolor" comme ils l'appellent eux-même, réjouit des hordes de fans, surtout au Japon et un peu moins en Europe, forcément, vu les difficultés à se procurer leurs disques.
Plutôt que perdre mon temps à essayer de les décrire (je vais juste vous dire qu'ils ont commencé à 5, sont très longtemps restés 4 et sont 3 depuis 3 ans, et que le génie du groupe est le chanteur, Hiro Hayashi), je vous propose de les écouter avec une série de vidéos parmi les plus dingues, tant visuellement que musicalement, qu'ils ont produites tout au long de leur carrière. J'y glisserai astucieusement à la fin les deux que j'ai faites moi-même en leur honneur, il y a deux ans (j'ai raté ma carrière).

Ze tube, sorti en 2006 et qui les a fait connaître au monde entier :



Une reprise d'un tube des années 70 :



Un morceau presque calme et presque romantique, fichtre :



Un morceau récent (2 ou 3 ans), vidéographiquement impressionnant :



Le tout premier single, il y a trèèès longtemps, ils n'avaient pas encore leurs fameuses combinaisons !



Le dernier single en date, très drôle lui aussi (comme vous pouvez le constater, plus ça va moins ils se calment... mais... seraient-ils de futurs quinquados ?) :



Et en live, ça donne ça (des stades au Japon, des salles de 100 personnes à Paris, mais j'y étais en 2013, et ouais !) :



Modestement, mes deux petites vidéos réalisées par mes petites mains de quarantado :




Je n'ai pas parlé ici de leurs visuels, toujours très élaborés, conceptuels et très réussis. En voici quelques exemples (récents) :







Deux ou trois albums sont dispos sur iTunes ou Amazon, les autres (la majorité) en import, chez quelques disquaires avertis, ou par des méthodes que la morale réprouve.
Pour apprendre le japonais avec les Polysics, rendez-vous sur leur page Facebook, on comprend rien, mais c'est rigolo : https://www.facebook.com/POLYSICS-260419960659129/?fref=ts