Fargo (saison 2) / Ash Vs Evil Dead (saison 1) : Humour noir... et sanglant

Ces deux petites séries ont égayé mes dernières semaines, et si vous aimez, vous aussi, rire devant des flots d'hémoglobine et de violence, vous serez servi. Fargo, pour commencer, mais est-il vraiment nécessaire de la présenter.


Film culte des frères Coen sorti en 1996, Fargo décrit une série de meurtres épouvantables mêlant assassins impitoyables et braves gens pris dans un engrenage infernal. L'action se situe dans la petite ville du même nom, dans le Dakota du Nord, en pleine Amérique profonde, celle qui fait peur de par chez nous à cause du niveau intellectuel que l'on imagine aisément. A Fargo, il n'y a rien à faire, surtout en hiver quand une chappe de glace tombe sur la ville pour y surgeler tout ce qui y vit. Quoi de mieux que l'Amérique des ploucs pour y dérouler un scénario complètement barré avec des personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres ?

Le film a tellement marqué les esprits qu'il a été décliné en série télé en 2014, avec pour postulat un remake du long métrage. Remake ? Pas vraiment, en fait, mais plutôt même thématique : des bouseux, braves gens un peu crétins, se retrouvent mêlés à des règlements de comptes entre deux bande d'assassins encore plus abrutis qu'eux, chacun voulant faire la peau à tout le monde. Il y a donc des tueurs d'un cynisme absolu, souvent très polis et bien élevés, avec de petites manies, il y a des flics tout aussi neuneus et excessivement propres sur eux, héroïques, justes et gentils, et il y a bien sûr les héros (un agent d'assurances dans la saison 1, un couple, lui boucher, elle un peu timbrée, dans la saison 2 - Jesse Plemons qu'on a déjà vu dans Breaking Bad en... tueur froid, et Kirsten Dunst, parfaite en nunuche déconnectée). Et il y a aussi les personnages secondaires, qui ne sont pas en reste dans la satyre et le n'importe quoi (un avocat qui pleure, une épouse ayant un cancer toujours optimiste et souriante, une employée de boucherie qui lit Camus et se pose des questions sur le sens de la vie...)

Trailer (en anglais) de la saison 2, il faut bien évidemment
la regarder en VO sous-titrée, c'est mieux


Prenez les personnages et l'intrigue, mélangez et secouez tout ça, et vous obtenez un chef d'oeuvre d'humour noir, le tout filmé et scénarisé à merveille. Evidemment, c'est extrêmement violent, mais pas morbide ni complaisant : au contraire, c'est tout le temps hilarant. Regarder Fargo, c'est faire réveiller le sadique qui sommeille au fond de soi : on sait que plein de gens vont mourir de façon atroce, mais on ne sait ni quand ni, surtout, comment. Et on sait aussi que le héros va glisser peu à peu dans la bestialité, et que le gentil flic va gagner, car il est gentil.

Tout cela reste totalement amoral, absolument pas réaliste, mais chaque épisode procure sa petite dose de jouissance et de plaisir coupable. Et malgré la similitude des histoires et des lieux, peu importe, les épisodes sont parfaits et on ne se lasse jamais, pas une seconde. La saison 1 se déroulait en 2006, la saison 2 se déroule en 1979, avec un petit côté suranné parfaitement maîtrisé jusque dans les moindres détails, y compris sur la bande-son, toujours parfaite.





Ash Vs Evil Dead n'a rien à voir avec Fargo, et pourtant cette mini-série de 10 épisodes s'en rapproche beaucoup par de nombreux aspects. Ici, pas de tueurs cyniques, non, juste des esprits et des démons malencontreusement réveillés, c'est ballot.
Mais revenons aux origines : Evil Dead, fameux film culte sorti en 1984, avec plusieurs suites, inventait le genre gore et lui donnait ses lettres de noblesse en permettant qu'on le voit au cinéma. Du gore certes, mais pas pour faire peur, juste pour faire rigoler, et détourner de temps en temps la tête en grimaçant d'un "beurk c'est dégueu" (comme dans Fargo, d'ailleurs).

L'histoire était très simple : une bande de jeunes bien sous tout rapport découvrait le "livre des morts", et devinez quoi, ces andouilles les réveillaient. Le film se déroulait dans une cabane de trappeur, au beau milieu de la forêt, c'était moins cher pour le tournage probablement, et tout s'y déroulait presque en huis clos. Tous les clichés du gore y passent : têtes et membres arrachés, entrailles dégoulinantes, grands jets de sang, sans répit et jusqu'à l'overdose. Ash Vs Evil Dead n'est autre que l'histoire du seul rescapé du film originel, Ash, qui souhaite se débarrasser du livre qu'il a gardé pendant 30 ans. Et oui, Ash a dépassé les 50 balais, il est vieux, il a de l'embonpoint, et surtout il est d'une drôlerie absolue par ses remarques crétines et sa fausse assurance de winner, sans parler de la tronçonneuse qu'il s'est greffé au poignet (il lui manque une main qu'il a perdue dans le film d'origine).

Trailer (en anglais) de la saison 2, il faut bien évidemment
la regarder en VO sous-titrée, c'est mieux
(ah tiens c'est bizarre je me répète)


Avec lui, un métis avec une coupe absolument ridicule et une bimbo aux formes de bimbo, chacun leur tour devenant possédés par un démon (pardon, je vous ai spoilés) comme de très nombreux autres personnages de la série, le tout pour un road-movie débile qui se finit dans la cabane des origines. A prendre au 30ème degré donc pour bien se marrer, et éprouver là aussi un plaisir régressif potache très bien mené. On goûte ici aussi son vautrage de canapé (avec des pop-corns et une bière, si vous pouvez, c'est mieux) sans jamais s'ennuyer. Et puis les épisodes ne font qu'une demi-heure, on peut regarder ça en douce quand le reste de la famille est occupé à des choses plus sérieuses.

J'ai failli oublier : un autre point commun entre les deux séries, cest la présence de Bruce Campbell (Ash) qui joue le (petit) rôle de Ronald Reagan dans Fargo : un délice.

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