Sprite, le manga qui réinvente le voyage dans le temps

Sprite est un seinen manga en 15 volumes (à 7,50 € le volume, ça fait donc 112,50 €, faut les sortir quand même) de Yūgo Ishikawa (un type encore plus vieux que moi, franchement à son âge dessiner des mangas, serait-il dont quinquado lui aussi ?) dont la diffusion vient de se terminer en France, peu avant Noël. Rien à voir avec la célèbre boisson, Sprite signifiant "lutin" ou "elfe", même s'il n'y a ni lutins ni elfes...

Le premier tome part très fort : dans le Japon d'aujourd'hui, 3 copines viennent apporter à l'oncle de l'une d'elles, reclu au sommet d'une tour de 40 étages depuis dix ans et qui passe son temps à jouer aux jeux-vidéos, quelques provisions.

Mais voilà-t'y-pas qu'un tsunami de pluie noire envahit toute la ville, la pluie se transformant en marée, et l'eau montant jusqu'à leur étage, soudain devenu le rez-de-chaussée de cet océan noir qui a envahi tout le paysage. Ambiance.
C'est le début, très accrocheur, d'une série de voyages dans le temps, car cette eau noire n'est autre que le temps qui passe et que quelques privilégiés (ou malheureux) ont le privilège de voir, et donc de fuir.
Lorsque l'eau noire disparaît, le temps a changé et l'époque aussi, sauf l'immeuble et ses habitants. Les jeunes filles, l'oncle, les autres habitants de l'étage deviennent donc des fuyards du temps, ainsi que de mystérieux enfants réfugiés sur le toit qui le fuient, eux, depuis des siècles.

Comme dans tous les bons mangas, on part d'une histoire abracadabrante pour étudier chaque personnage au plus profond de son caractère, ce qui donne lieu à de vrais échanges humains, avec leurs bons et mauvais côtés, sans pour autant abandonner une intrigue toujours pleine de rebondissements, de questions sans réponses, lesdites réponses étant distillées au compte-goutte au fur et à mesure de l'avancée dans l'histoire.

On sent que l'auteur s'est fait plaisir avec ce qui le fascine (attention, spoiler) : l'époque du japon médiéval, avec ses terribles samouraïs, la seconde guerre mondiale avec les destructions massives des bombardements américains, et un futur apocalyptique ou règnent des tribus d'enfants sauvages et de cafards géants invincibles. On accroche facilement à l'intrigue et aux personnages, et même si l'action retombe un peu selon les tomes, on ne boude pas son plaisir.





L'Histoire du Japon côtoie donc ici sans problème la science-fiction, avec une petite dose d'horreur (on a quelques têtes qui volent, miam), pas mal d'action et de suspense, de la violence sans tomber dans le gore gratuit, le tout avec un dessin agréable et des personnages bien campés. Pas trop de petites culottes non plus, même s'il y a les inévitables écolières en tenue d'écolière (et une ou deux fois carrément des filles toutes nues, rhaaah)...
A ce propos, ce phénomène du mangaka qui même sur un thème très éloigné du sexe ou des bluettes amoureuses ne peut pas s'empêcher de dessiner des petites culottes, nécessiterait une véritable étude socio-psychologique. Il y a aussi, quand même, un petit chien, parce qu'un manga sans petit animal, c'est comme un Valls sans état d'urgence ou un Sarkozy sans "casse-toi pauv' con" : impensable. Mais ça reste limité, heureusement, on est quand même dans un seinen, c'est-à-dire un manga réservé aux garçons de 15-30 ans (il n'existe pas de terme pour les quinquados, c'est ballot).

A lire d'une traite, c'est mieux (ça vous prendra quand même quelques longues heures), car comme dans toutes ces séries qui s'étalent sur plusieurs années, on est quasiment obligé de relire les tomes précédents chaque fois qu'en paraît un nouveau, vu qu'on a oublié pas mal de détails de l'intrigue, souvent importants.


Sprite est diffusé chez Kazé Editions, on le trouve partout et facilement, y compris en version ebook.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ce blog est modéré (pour éviter les spams), mais n'hésitez pas à commenter !